Exposition Fellini : dans la fabrique d’images du maestro

Dès demain s’ouvre à Paris, au Musée du Jeu de Paume, une exposition gigantesque consacrée au Maestro du cinéma italien, le bien nommé Federico Fellini. L’entreprise de recollection des œuvres du cinéaste (affiches de films, photographies de plateaux, extraits de films, etc) a nécessité quatre ans de travail, mené avec passion et obstination par le commissaire de l’exposition, Sam Stourdzé. Petite visite guidée dans l’antre du maître !…

Le fil rouge de cette exposition est celui de la « fabrique d’images » dans laquelle le visiteur pénètre, sollicité dès son arrivée par les sons provenant des extraits vidéos et les nombreux documents graphiques exposés au mur. Entre eux un dialogue implicite s’opère.


« Avec plus d’une trentaine d’extraits de films et ces 400 œuvres exposées, nous avons ici choisi de jouer avec la spatialisation sonore de cette expo pour souligner notamment le caractère principal de fabrique de films de l’artiste. », nous précise Sam Stourdzé

La richesse des œuvres de Fellini est ici clairement soulignée grâce à l’exposition (souvent inédite) d’archives photographiques autour de Fellini, d’extraits de films, d’extraits du Livre des Rêves (cette œuvre artistique jouissive pour l’artiste comme pour l’amateur fellinien et qui consista pendant une trentaine d’années à retranscrire par le dessin et par le texte les rêves les plus fous du cinéaste), sans oublier les dessins de Fellini, les albums de presse de La Dolce Vita, les magazines de l’époque et ses affiches.

Une curiosité artistique insatiable

Cette « grande parade » (titre de l’exposition) dans laquelle évolue Fellini s’explique surtout par l’insatiable curiosité de l’artiste pour le monde qui l’entoure : « J’ai besoin de tout connaître de tout le monde, de faire l’amour avec tout ce qui est autour de moi », écrit le Maestro.

Ici Fellini fascine par la multiplicité de sa recherche artistique : son intérêt pour la psychanalyse de Jung qui le pousse à rédiger Le Livre des Rêves, son émerveillement de gosse pour le cirque (La Strada, La Cité des femmes), le grotesque, ses nombreux pieds- de- nez à la religion qui ne le laisse pourtant pas indifférent, son observation aiguisée du monde des médias (faut-il encore rappeler qu’il est à l’origine du terme « paparazzi » pour désigner les photographes, ces vautours de l’image à sensation dans La Dolce Vita ?).

Il ne faut pas oublier dans cette apparence de joyeux désordre, l’esprit critique du cinéaste et notamment vis-à-vis de la culture populaire de son époque (à noter que Fellini fut également l’auteur de ciné-romans, un genre très populaire dans les années 50-60). Par exemple, Fellini n’hésite pas à travers la figure du vieux Mandrake dans son film Intervista (interprété par Mastroianni dans les années 80) à s’interroger sur la valeur du cinéma à l’aune de la télévision.

Au Musée du Jeu de Paume, c’est un artiste complexe et en perpétuelle activité que nous découvrons. Un parcours d’exposition atypique, à l’image de l’univers fellinien et que nous devons au concours de nombreuses institutions parisiennes, suisses et italiennes.

Preuve en est ici que l’amour du cinéma n’a pas de frontières !

Fellini, La Grande Parade
Musée du Jeu de Paume
Du 20 octobre 2009 au 17 janvier 2010

Autour de l’Exposition :

– Cycle de conférences « Le laboratoire Fellini » au Musée du Jeu de Paume.
– « Tutto Fellini » : Rétrospective et table ronde-conférences à la Cinémathèque du 21 octobre au 20 décembre 2009.
– « Caro Fellini » : Rencontres littéraires, spectacle théâtrale et ciné-concert à l’Istituto Italiano di Cultura de Paris.

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