Mon escapade londonienne avec Jude Law – Partie 2

Soudain, le voilà, bonnet vissé sur la tête, revenant de sa gym matinale, lunettes de soleil en guise d’armure, très décontracté. « Ce qu’il me faut, c’est une douche, vous savez! Ce serait sympa de me laisser passer! » L’essaim de minettes en chaleur, de gays énamourés (jeunes ou moins moins jeunes) et de simples badauds qui se promenaient par là (complètement par hasard, est-ce vraiment possible ?) s’est d’un seul coup abattu sur le pauvre Jude.


Notre fan belge est en extase. Nous, on s’est juste placé sur sa trajectoire devant la fameuse porte pour prendre des photos de plus en plus rapprochées de ce brave Jude qui a tourné le dos ostensiblement au fan belge déchaîné (celui-ci pense à présent au suicide; son amie barrée également car on vient de lui voler sa photo dédicacée!).

Un petit « hello » de Jude en notre direction, un petit autographe obtenu en guise d’appât (oui, je ne suis pas trop fière sur ce coup-là) et voilà, en trois minutes, l’affaire est réglée! Et Hamlet commence bientôt… Notre expédition au pays de Shakespeare va enfin démarrer. C’est aussi ça, le plaisir de cette journée: apprécier étape après étape cette étonnante rencontre de théâtre aux allures de cinéma.

Dans la salle du Wyndham’s Theatre, il fait incroyablement frais! The place to be, c’est indéniable en cette journée caniculaire. Quand le rideau s’ouvre enfin Jude Law est là, recueilli sur scène. Prêt à se donner littéralement pendant plus de trois heures. Les costumes arborés sont modernes. Jude Law est en « Jude Law », vous savez, le trench décontracté, le foulard autour du coup, le pantalon sombre, pieds nus, le gilet ample et le tee-shirt gris. Tout simple.

Le décor est tout aussi sobre, intemporel. La scène pourrait avoir lieu aujourd’hui entre quatre murs de briques dans une ruelle de la ville. La neige fait également son apparition quelques scènes plus tard. Ce qui surprend surtout, c’est l’étonnante accessibilité de cette mise en scène. Les mots prononcés par les comédiens sont affutés, ciselés.

Les mains de Jude Law s’agitent pour tisser ce lien fragile mais prégnant avec le public. Pour le comédien, le langage shakespearien est la clé de voute des émotions que le public doit ressentir malgré les barrières de la langue élisabéthaine du XVI° siècle. C’est à lui de les mettre en lumière, pas à pas, de trouver la juste respiration du texte.

Malgré et probablement à cause de la complexité du personnage d’Hamlet, la composition de Jude Law permet à ce dernier de tout explorer: l’humour et l’ironie shakespearienne jamais très loin, la poésie et la force dramatique de ses célèbres monologues, le recours à la danse sur scène, la précision du duel millimétré.

En sortant de cette représentation, on a juste envie de faire des claquettes. On se dit qu’on a vécu un moment énorme de théâtre, inclassable. Un verre, pardon, deux verres de vin sont nécessaires pour se remettre de nos émotions qui perdurent pourtant le lendemain…

C’est la force des grandes représentations au théâtre: quand le fond a enfin rencontré la forme, on ne pourra jamais l’oublier. Inspirant. Revigorant. Salvateur.

Crédits Photos: Esprit Paillettes et Droits Réservés.

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