Rentrée théâtrale 2009 : un remariage un peu poussif au théâtre Antoine

Cary Grant, Katharine Hepburn et James Stewart… Le trio mythique au cinéma de The Philadelphia Story, la comédie de remariage par excellence. Au théâtre Antoine, le film, inspiré de la pièce de Philip Barry, ici adaptée sous le nom de Vie Privée, est à oublier d’urgence. Pour ne pas se faire trop de mal…


L’adaptation française de cette célèbre comédie américaine manque ici clairement de souffle. Est-ce le travail de la traduction qui nous fait perdre le côté « ping pong » des répliques ? Est-ce le rythme trop poussif de la mise en scène qui crée souvent des temps morts dans le jeu? Sûrement un peu des deux.

Pourtant à Broadway, puis sur grand écran, Katharine Hepburn avait défendu avec la présence et la pugnacité qu’on connaît, l’héroïne de cette comédie de remariage pétillante, jeune femme un peu garce, snob et délicieuse à la fois. Evoluant dans le luxe, avec l’accent inimitable de la « haute », elle irradiait, une coupe de champagne à la main, avec Cary Grant… dans les parages!

La recette semblait ainsi assez simple à suivre pour nous divertir dans ce décor de « riches », aux répliques aussi futiles que mordantes. Mais malgré un soin évident apporté aux décor et costumes de Vie Privée, pourtant véritablement à la hauteur de l’entreprise cinématographique de Cukor, l’étincelle ne prend pas.

UN JEU DE COMEDIENS INEGAL

Anne Brochet, malgré ses tenues divines et son charme indéniable a cependant le défaut de vouloir sauver à tout prix son personnage en la rendant plus vulnérable et sympathique que dans la version originale.

Son alter ego, François Vincentelli possède la cinégénie d’un Cary Grant mais déçoit par son manque de présence sur scène. On a le sentiment qu’il est un peu écrasé par cette filiation à défendre. Et que le rôle, lui-même, n’a finalement que peu d’importance puisque ses apparitions restent brèves tout comme ses répliques.

Au fond, celui qui retire clairement son épingle du jeu ici est le comédien Julien Boisselier. Son plaisir de défendre ce journaliste grognon et moqueur, qui se laisse petit à petit fondre face au charme de l’héroïne, est communicatif. Il est le vrai détonateur de cette comédie, et se permet même d’en exploiter le filon romantique « border-line » jusqu’au bout en le rendant plus touchant et moins stéréotypé que les autres personnages de la pièce. Et paradoxalement, il insuffle par sa présence l’énergie et la légèreté qui fait cruellement défaut autour de lui.

Dommage que le reste de la troupe n’est pas choisi cette voie…

Vie Privée de Philip Barry

Mise en scène de Pierre Laville
Avec Anne Brochet, Julien Boisselier, François Vincentelli, Samuel Jouy…

Théâtre Antoine
du mardi au vendredi 20h30
samedi 17h et 21h
dimanche 15h30 (relâche lundi)
Bd de Strasbourg 75010 Paris –
M° Strasbourg St Denis
www.theatre-antoine.com

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