Brigitte Bardot, femme phénix

Dans Bardot, présenté cette année au Festival de Cannes, Alain Berliner et Élora Thévenet déconstruisent le mythe d’une icône façonnée par un système profondément misogyne. Un travail précieux et nécessaire.

Le documentaire expose la brutalité de la starisation : une jeune femme objetisée dès ses premiers rôles, réduite à une image « ronronnante » par une presse avide de clichés, encerclée par des paparazzis et soumise à la vindicte publique. Les témoignages de comédiennes, d’auteures, de scénaristes, d’universitaires et d’un biographe rappellent combien Bardot a payé le prix de son corps et de sa liberté, dans une industrie où l’humiliation pouvait aller jusqu’à une gifle infligée par Clouzot — qu’elle eut le courage de rendre.

Les archives révèlent la violence des images et la souffrance intime : tentatives de suicide, solitude, maternité vécue hors des institutions médicales pour échapper au harcèlement. À 38 ans, Bardot choisit de quitter définitivement le cinéma, refusant de finir comme Marilyn Monroe ou Romy Schneider, et se consacre à la cause animale, trouvant dans cet engagement une raison de vivre. Sa parole, présente dans le film, confère au récit une vérité rare : elle reconnaît ses emportements politiques, ses regrets, et rappelle ses appels ignorés aux présidents successifs.

Ce documentaire met en lumière une femme qui, derrière l’icône, incarne la résistance à la misogynie d’une époque, la solidarité avec d’autres artistes comme Joséphine Baker, et la force d’un engagement qui a transformé sa fragilité en combat.

Bardot

De Alain Berliner et Elora Thevenet

En salles depuis le 3 décembre

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