Broken English : magnétique et branché

Le premier film de Zoé Cassavetes, Broken English, est malgré sa qualité artistique indéniable, très vite tombé dans les oubliettes d’une programmation estivale casse-gueule. Une tardive sortie en DVD nous permet cependant de (re)découvrir enfin ce délicieux bonbon de cinéma, doux et acidulé à la fois.


Broken english
, c’est d’abord un univers musical atypique et à l’image de son héroïne: électrique, drôle et un brin dépressif à la fois. Signée par les Scratch Massive (le groupe dirigé par le mari de la réalisatrice Zoé Cassavetes), Broken english nous entraîne dans un dédale de sons et de complaintes savament numérisées.

Entre New York et Paris, Nora Wilder (touchante Parker Posey!), trentenaire faussement désabusée, recherche l’amour, avec un grand A. Que s’est-il donc passé dans sa vie pour qu’elle soit encore et toujours l’éternelle célibataire de son groupe d’amis ? Pour y remédier, Nora demande l’avis de sa meilleure amie mariée (grâce à ses soins!) et de sa mère (Gena Rowlands, maman de Zoé Cassavetes!) sur la question.

De rancards foireux en situations de rencontres amoureuses cocasses, elle finit par croiser la route d’un artiste frenchie, sexy à souhait: notre cher et tendre Melvil Poupaud (cocoricooo !!!). L’histoire pourrait s’arrêter là et on aurait déjà passer du bon temps avec cette esthétique glam-rock et ce soupçon de boboïsme parigot (les robes de Parker Posey sont juste à tomber!).

Mais nos amoureux d’un soir se séparent et Nora replonge dans son angoissante quête amoureuse, plus déprimée que jamais.

En entremêlant deux cultures (new-yorkaises et parisiennes), Zoé Cassavetes choisit pour sujet une comédie romantique banale, de notre époque (une trentenaire en mal d’amour) et parvient à le sublimer avec une confondante facilité.

Le montage est d’une parfaite fluidité: la musique accompagne les errances et les doutes de l’héroïne. Ses crises d’angoisse sont filmées de façon énergique et intimiste. Nora se ferme aussi vite qu’elle ne s’ouvre face à un Julien (Melvil Poupaud) qui se dévoile également de façon subtile.

Est-ce la saison estivale du récit, le côté fiévreux qui donne à New York comme à Paris ici cette photographie si particulière ? Il se dégage ici plein de sensations contradictoires: on rit, on partage la tristesse de cette héroïne et on a finalement envie comme elle de croire à cette « magie » de la rencontre amoureuse qu’elle ne cesse de chercher et que beaucoup de couples ont fini par renier.

Le rythme singulier, la bande-son et la complexité psychologique de cette tribu franco-new yorkaise, font de cette comédie romantique un moment de cinéma magnétique et indubitablement branché…

Broken English (2008)

DVD

Compagnie des phares et balises

Avec Parker Posey, Melvil Poupaud, Justin Theroux, Drea De Matteo, Gena Rowlands

de Zoé Cassavetes.

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