Critique cinéma: New York Melody

On va, comme ça, au cinoche l’été dans un Paris désert et automnal (voire hivernal) pas très convaincu par la bande-annonce de New York Melody. Mais bon, il y a Mark Ruffalo et Keira Knightley dedans, tout de même, avec la promesse d’une chouette romance. Et l’écriture et la réalisation sont signées John Carney (Once), le type qui sait par excellence réconcilier cinéma et bonne musique. Alors on se dit que les types qui ont monté la B.A du film et sorti le film en plein été ont juste mal fait leur travail…

…Et bien sûr, bingo, nos suppositions étaient exactes! Ce film est un petit bijou !

Rien de mieux que le genre de la comédie romantique (genre tellement codé, connu, vu et revu) pour mieux s’en affranchir, jouer avec, lui donner un nouveau souffle. John Carney nous propose ici en effet un objet cinématographique particulièrement riche à mi-chemin entre la romance, la success-story, le film musical, teinté constamment d’humour, d’ironie et de délicate mélancolie, évoluant avec réalisme dans l’univers des labels new-yorkais.

Prenons le personnage interprété brillamment par Mark Ruffalo : Dan, 45 ans, découvreur de talents au sein d’un label de musique indépendant (qu’il a lui-même créé) est au bout du rouleau, à la fois largué depuis quelques années par sa femme et à présent par sa propre boite. Il erre dans les rues de New York, le désespoir chevillé au corps et ne sait même plus comment parler à sa propre fille, adolescente en colère contre lui. Mark Ruffalo sait justement interpréter à l’écran les nombreuses fêlures de son personnage sans tomber dans une forme de grotesque mélodrame, avec humour et charme en prime.

Face à lui, il y a la lumineuse Greta (Keira Knightley), qui souffre de vivre dans l’ombre de son compagnon (Adam Levine), devenu presque instantanément rock star, mais pas seulement (attention, on n’aime pas les spoilers dans ce blog !). Cette solitude brutalement ressentie par cette délicate britannique dans la Big Apple, Greta la chante avec émotion dans ce bar miteux où Dan vient d’entrer par hasard, prêt à s’enivrer une fois de plus.

Love & Live in the city

Ici commence la rencontre un peu magique qui va révolutionner l’existence de ces deux personnages a priori désespérés. Le film raconte ce cercle vertueux qui accompagne la collaboration artistique de nos deux héros. Ce n’est jamais « gnangnan » parce que l’écriture psychologique est toujours riche et originale et l’idée de tourner l’enregistrement de l’album dans les rues de New York tout simplement brillante.

On assiste ainsi non seulement aux coulisses de la préparation d’un album « purement authentique », à l’évolution de cette romance (dont le dénouement nous surprendra) mais le film ébauche aussi une belle réflexion sur l’apport de la musique dans notre existence urbaine et en particulier dans celle des amoureux : la scène de partage de musique entre Greta et Dan dans un New York nocturne sublimé est une très belle idée pour illustrer la complicité naissante des deux protagonistes.

Autour de Dan et de Greta, il y a plein de personnages secondaires drôles, touchants, surprenants, que le scénario fait évoluer par petites touches. Cerise sur le gâteau, la musique qui accompagne l’histoire comme celle créée lors des enregistrements de l’album (c’est Keira Knightley qui prête sa voix à la plupart des morceaux, ndlr) est particulièrement réussie. A tel point qu’il reste difficile d’écouter autre chose que la B.O plusieurs jours après avoir visionné le film…

New York Melody (2014)
De John Carney
Avec Keira Knightley, Mark Ruffalo, Adam Levine…
Musique de Gregg Alexander
Actuellement en salles.

Post A Comment