Il y a trente ans disparaissait François Truffaut

Un mot a tôt fait de prendre place dans notre esprit à mesure que l’on parcourt l’immense exposition consacrée à François Truffaut, en ce moment à la Cinémathèque : celui de « cinéphile ». Il faut ici prendre ce terme dans son sens  le plus fort, « d’amoureux du cinéma ».

François Truffaut aime le cinéma plus que tout et ce, très tôt dans sa vie. Enfant, il trouve des combines pour ne pas payer sa place et voir le plus possible de films. Il n’hésite pas à chaparder les affiches et photos promotionnelles des cinémas. C’est un passionné, un collectionneur.

Adolescent, alors que sa vie familiale n’a rien de bien exaltant (sa mère, du fait de sa naissance bâtarde, a tôt fait de le délaisser), François Truffaut dirige un ciné-club. Il étudie les films à la loupe, rencontre André Bazin qui agira pour lui comme le père qu’il n’a jamais connu, intégrant très vite des revues de cinéma spécialisées.

C’est un jeune homme de 22 ans qui, avec son article « Une certaine tendance du cinéma français » fustige le cinéma français de son époque, en 1954, dans les Cahiers. Et se fait remarquer. L’exposition nous montre François Truffaut critique à l’œuvre, avec ses carnets de notes extraits de projections de presse, de festivals de cinéma, d’entretiens.

Mais la cinéphilie presse chaque jour un peu plus François Truffaut. Il est temps d’agir, d’écrire son scénario, adapté de sa propre enfance, de choisir minutieusement son double de cinéma, le gouailleur Jean-Pierre Léaud (dont l’exposition révèle ici l’émouvante vidéo du premier casting pour Les 400 coups). 1949, à Cannes, c’est le sacre de Truffaut avec cette palme d’or remise des mains de Jean Cocteau dont la célèbre étoile a porté chance au jeune cinéaste. D’ailleurs, Truffaut ne tardera pas à renvoyer à son tour l’ascenseur à Cocteau, une décennie plus tard quand il aidera le Poète à financer son dernier film Le testament d’Orphée.

Quelque chose en nous de François Truffaut…

Dans ce cercle vertueux de la création cinématographique, François Truffaut enchaîne les succès, révèle les talents et les actrices divines de son époque. Il est cet homme adulte, toujours sensible aux thématiques de l’enfance et de la pédagogie (L’Enfant Sauvage), ce producteur résidant dans le XVIième arrondissement mais qui pour rien au monde ne renierait son âme de voyou, comme se plaît à le souligner son comédien et ami Gérard Depardieu.

Non content d’être prophète dans son propre pays, François Truffaut démontre avec la publication d’un livre immense (en qualité comme en temps de travail effectué) Les Entretiens Hitchcock / Truffaut que le cinéaste anglais est un auteur avant tout, un génie du cinéma mondial et du suspense.

Pas étonnant qu’il obtienne un Oscar pour La Nuit Américaine quelques années plus tard et que le jeune Steven Spielberg l’emploie en tant qu’acteur dans le film de science-fiction Rencontre du Troisième Type. L’amour du cinéma, selon François Truffaut, ne connaît pas les frontières.

Même les passionnés et disciples du cinéaste sauront ici prendre leur temps pour savourer et découvrir les nouvelles facettes de Truffaut, qui, dans un élan toujours généreux n’a cessé de déclarer sa flamme au septième art.

Mais pourquoi, trente ans, jour pour jour après sa disparition, François Truffaut interpelle toujours autant ? Sûrement à cause de son amour immodéré pour le cinéma et dans lequel le cinéphile qui est en nous (oui, toi, ami internaute, qui est entrain de lire ces quelque lignes) peut facilement se retrouver.

Oui, au fond, nous avons tous en nous quelque chose de François Truffaut…

L’événement François Truffaut 
Jusqu’au 25 janvier à la Cinémathèque française,
51, rue de Bercy, Paris XIIe.
Rétrospective jusqu’au 30 novembre.
Rens. :www.cinematheque.fr
Truffaut, l’intégrale coffret de 21 DVD, MK2 éditions-TF1 vidéo, 99,99 €.

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