La délicatesse : ce bonheur à réinventer

Cela commence comme un conte de fées, et pourtant malgré le drame qui va s’abattre, cette adaptation du très beau texte de David Foenkinos sur la scène du Théâtre de l’Œuvre, joue toujours et de façon subtile, la petite note de la foi en la vie. Celle qui se poursuit malgré tout, à notre insu et qui nous fait avancer.

L’histoire d’amour entre Nathalie et François est belle parce qu’elle est simple et évidente. Tous les deux étaient faits pour se rencontrer et s’entendre. Ils ne tardent pas à vivre ensemble et à se marier. Et même si le quotidien reprend très vite ses droits, ces deux-là s’aiment encore et toujours. Un fichu accident va tout brusquement interrompre et l’on reste avec Nathalie, aussi désemparé qu’elle.

Le monde de celle-ci s’est bel et bien effondré, d’autant qu’elle n’a alors connu seulement que les effluves de ce grand amour. Tout en douceur et en humour, on suit le parcours de cette jeune femme en deuil qui va progressivement renaître et accepter de prendre la vie telle qu’elle vient, c’est-à-dire en la personne de Markus.

Thierry Surace, qui signe l’adaptation et la mise en scène du roman à succès, parvient à créer un espace de jeu propre au théâtre avec une connexion constante entre le public et ces personnages qui ont tous leur note à jouer.

Il utilise un décor simple et mobile à la fois qui illustre la psychologie de l’héroïne en pleine reconstruction. La musique aussi a son importance et on apprécie notamment le choix de certains morceaux pour accompagner l’émotion ressentie par les personnages.

La Délicatesse 2

Le bonheur simple en clé de voûte

Celui du majordome (Jérôme Schoof, irréprochable), également narrateur, rythme le récit de ses remarques acidulées et de ses gestes répétés comme une horloge.

Ce soir-là, c’est Clara Joly qui jouait avec beaucoup d’éclat et de subtilité Nathalie (Sélène Assaf le joue aussi en alternance) une jeune trentenaire discrète mais élégante, courageuse, solaire malgré le drame.

Le tour de force ici vient de Jean Franco (Molière 2020 du second rôle masculin) qui joue tous les « hommes » de la vie de Nathalie : de François, le grand amour, à Markus, cet homme banal en apparence et terriblement touchant quand on le connaît mieux ; en passant par Charles, le directeur de l’agence un peu lourdingue, qui tente de séduire Nathalie, coûte que coûte.

Sur scène, les trois comédiens tricotent tous les instants de cet univers touchant, drôle et décalé à la fois avec une belle complicité. Comme le personnage de Nathalie, on apprend ici à savourer le bonheur simple d’une relation de travail, d’une amitié complice ou d’un sentiment amoureux naissant.

Poétique et délicate, sans jamais sombrer dans le pathos, l’histoire de cette renaissance à la vie et à l’amour passe beaucoup trop vite à notre gré. Quand le rideau tombe, le spectateur hésite avant d’applaudir, encore sous le charme de ce beau message d’espérance en la vie.

Un délicieux moment de théâtre à ressentir et à partager.

La Délicatesse

De David Foenkinos

Adaptation et mise en scène de Thierry Surace

Avec Jean Franco, Sélène Assaf 
(en alternance avec Clara Joly) et Jérôme Schoof. 

Au Théâtre de L’Œuvre

Réservation : 01 44 53 88 88

Du jeudi au samedi à 19h - Samedi à 16h - dimanche à 15.30h

Jusqu’au 30 avril

Crédits photo : Cie Miranda


 

 

 

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