La feuille de route d’Eric Ruf, nouvel administrateur du Français

A quelques jours de la rentrée effective de la Comédie Française, son nouvel administrateur, le comédien sociétaire, metteur en scène et scénographe Eric Ruf, a souhaité convier la presse afin de donner les grandes lignes de son mandat, pour le moment inscrit dans une durée de cinq ans.

La coupole, lieu de la conférence de presse, au 8ème étage de la Comédie Française, place Colette, espace récemment rénové, semblait une façon symbolique forte de présenter cette institution autrement, à la fois de façon intrinsèque et moderne.

L’élégance du costume sombre, de cette voix chaleureuse au discours nuancé, n’excluait pas la fermeté chez Eric Ruf dans la présentation de son mandat. « L’essentiel de mon travail est de diriger, dans une main accompagnante, cette maison afin de mutualiser le rêve. » Le nouvel administrateur général annonçait d’emblée, justement, l’absence d’annonces, en cette première année de mandat où il serait principalement question de suivre la programmation voulue par Muriel Mayette – Holtz. Les annonces concrètes de son propre programme seraient dévoilées en mai prochain.

Eric Ruf évoque alors trois chantiers principaux : en premier lieu, mettre la dimension artistique au-dessus de tout, ce qu’Eric Ruf appelle lui-même « l’organisation du supplément d’âme ». Très concrètement, cela signifie accompagner la programmation voulue par Muriel Mayette-Holtz avec le plus de justesse et de souplesse possible, penser autrement la mutualisation des services, tant de façon artisanale qu’artistique. En tant que scénographe et metteur en scène, Eric Ruf connaît bien les différents corps de métiers de cette « Ruche » (surnom de la Comédie Française) qu’il affectionne tant.

La Comédie Française, cette noble « fabrique de spectateurs »

Autre chantier, baptisé « la fabrique de spectateurs », et qui consiste à constamment avoir en tête l’accroissement de ce public si varié et fidèle au Français, toutes générations confondues, afin de ne jamais cesser de l’éblouir de mises en scène ambitieuses et pertinentes : « Je rêve que les spectateurs se souviennent des spectacles bien des années plus tard. » Cela passe aussi par l’engagement de grands metteurs en scènes français et étrangers. A l’école de Patrice Chéreau ou d’Anatoli Vassiliev, en tant que comédien, Eric Ruf a appris que l’exigence artistique passe aussi par le choix d’une salle de spectacle plus moderne et modulable.

Ainsi le troisième chantier auquel veut s’atteler Eric Ruf est justement la mise en place de cet outil, à savoir trouver cette salle modulable dans Paris ou sa proche banlieue capable d’accueillir des spectacles ambitieux comme Peer Gynt ou Le Soulier de Satin et bien d’autres, ces œuvres qui ont forgé son parcours de talentueux comédien.

Or cette belle entreprise a un prix : Eric Ruf annonce qu’il ne jouera plus sur la scène du Français, pour respecter la charge de son nouveau statut. Toutefois, il ne boudera pas son plaisir de scénographe et de metteur en scène et continuera à « créer » en ce sens au sein du Français.

Eric Ruf, qui mise sur l’opiniâtreté de son tempérament et la connaissance empirique importante de sa maison, souhaite également que la Comédie Française redevienne un acteur important auprès des festivals (notamment le Festival d’Automne et le Festival d’Avignon) et des centres dramatiques nationaux. Une bien belle feuille de route, en somme. Et peu de temps aussi pour la mettre en pratique. Mais la flamme et l’expérience sont aussi là pour accompagner le nouvel administrateur de la maison de Molière…

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