Coco avant Chanel

Oui, rêvons encore…

Bien que le film soit sorti déjà depuis quelques semaines en salles, on ne se lasse pas de repenser à cette belle œuvre de cinéma que nous a offert Anne Fontaine, autour du personnage légendaire de Coco Chanel. Et il est intéressant de voir en quoi ce film, avec le temps qui s’écoule et malgré notre vie de cinéphile tourbillonnante, perdure dans nos pensées.

Prenons le temps de nous installer confortablement pour rêver encore et toujours de ce film. Activité de luxe que celle de rêver, me direz-vous. C’est justement une jeune fille puis une femme très rêveuse qu’a choisi de montrer Anne Fontaine. Dans le lit qu’elle partage avec sa sœur Adrienne (personnage en réalité inspiré de la tante de Chanel qui avait un an de plus que celle-ci et la même rage de réussir), Gabrielle lit beaucoup et croit fermement en son destin.

En plus de son activité bien rangée de couseuse, elle s’essaye à plusieurs métiers artistiques pour gagner sa vie (chanteuse, danseuse, actrice) et finit par comprendre que c’est en jouant de sa différence, en se servant de son propre regard critique de la société qu’elle peut créer quelque chose d’inédit et de remarquable.
Dans l’ombre de sa jeunesse austère (en témoignent les premières couleurs du film particulièrement sombres où les sœurs Chanel sont abandonnées par leur père au couvent), la couleur et la fantaisie des costumes prend peu à peu plus de place.

Mais la rencontre déterminante pour la petite chanteuse de cabaret, surnommée Coco, est bien celle qu’elle va avoir avec Etienne Balsan (rappelons ici la géniale composition de Benoît Poelvoorde), grand bourgeois qui l’introduit, bien malgré lui, dans l’univers du luxe dans lequel Gabrielle s’engouffre avec délectation.

Et l’esprit Chanel pourrait se résumer dans cette séquence du film où elle prend la ferme décision de rester auprès d’Etienne Balsan et de s’approprier son château et ses amis pour mieux créer et observer ce monde passionnant, fait de froufrous, de colliers ampoulés, de chapeaux emplumés et de tailles corsetées. A ce moment précis Gabrielle Chanel est devenue Coco Chanel, avec son sens inédit de l’élégance, qui lui fait porter un costume d’homme avec une vraie féminité.

« Prenez garde à vos rêves, car ils risquent de se réaliser ». Un adage signé de la romancière anglaise Mary Wesley, qui aurait probablement beaucoup plu à Coco Chanel.

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