Festival NAVA 2020 : J’étais là !
A l’heure où la majeure partie des festivals d’été ont dû fermer, le festival de théâtre NAVA de Limoux, créé il y a déjà 20 ans sur la terre natale de son directeur, Jean-Marie Besset, entre en résistance. Sa programmation éclectique et de qualité réunit nombreuses créations et reprises de succès de l’année (Marie des poules, Je ne suis pas Michel Bouquet, L’Effort d’être spectateur) pour le plus grand bonheur de son public limouxin, fidèle au rendez-vous.
NAVA (pour Nouveaux Auteurs dans la Vallée de l’Aude), c’est d’abord la volonté d’un auteur et metteur en scène de mettre en lumière le talent d’auteurs contemporains et de metteurs en scène et acteurs engagés, autour initialement du format de la lecture-spectacle, « un format totalement novateur en 2000 et qui depuis a été repris par une grande partie des festivals de théâtre », nous précise Jean-Marie Besset.
Ce format de lecture-spectacle permet une plus grande facilité pour les auteurs de se faire entendre en respectant une économie budgétaire à laquelle le spectacle vivant est hélas assigné depuis longtemps. Mais ce format n’exclut pas une absence de travail de la part des comédiens, bien au contraire. Texte à la main, ils retrouvent paradoxalement une forme de liberté inédite. La mise en espace est précise, dans des décors toujours choisis pour la beauté et l’histoire des lieux.
Ainsi cette année, j’ai pu (re)découvrir « Je ne suis pas Michel Bouquet » de et avec Maxime d’Aboville dans les ruines presque irréelles de l’Abbaye d’Alet-les-Bains, quand la nuit se met à tomber. Le soir suivant, c’est au château de Flandry, spécialisé dans la production de la fameuse « Blanquette de Limoux », que le soleil s’est couché tandis que les comédiens s’emparaient sur le plateau du texte émouvant de Régis de Martrin-Donos, auteur et metteur en scène fidèle du festival, Au pied de la montagne noire.
Depuis trois ans, le festival propose en plus des lectures-spectacles (souvent à l’origine de créations théâtrales dans la saison qui suit) des reprises de spectacles à succès et des conférences, tour de table, en adéquation avec l’histoire et les thématiques des œuvres programmées.
Cette année, Jean-Marie Besset a choisi de s’inspirer de la vie de Limouxins qu’il a personnellement connus pour écrire mettre en scène (et dans le cas du spectacle Mister Paul, l’interpréter), à travers deux spectacles : SPECTACLE / MISTER PAUL / LES LIMOUXINS #1 et ODETTE LIBRE / LES LIMOUXINS #2.
« Je me suis inspiré de réels habitants de Limoux pour écrire ces spectacles. Ce travail m’a demandé beaucoup de temps d’investigation et d’enregistrement et retranscription d’entretiens. J’ai choisi des personnes dont le parcours de vie se révélait très fort mis bout à bout. Il me fallait trouver l’angle à chaque fois pour raconter l’histoire de cette vie. Le personnage qui m’a inspiré Mister Paul, je le ressens toujours près de moi, comme penché sur mon épaule. Cela relève presque de l’ordre du spiritisme », m’explique Jean-Marie Besset, dans un éclat de rire. A la suite de notre entretien, il jouera rien que pour moi les premières minutes de ce spectacle de Mister Paul qui lui tient tant à cœur, dans le salon de sa maison limouxine.
Samedi 25 juillet
Le festival NAVA, c’est d’abord une équipe particulièrement soucieuse du bien-être de ses participants. Aussi, à peine le sol foulé en gare de Limoux, me voilà accueillie à bras ouverts dans mon lieu d’hébergement, où Danny, la maîtresse de maison, ne va cesser de me cocooner.
A 19h, il y a ce petit rituel immuable de l’apéro, où les festivaliers (proches, amis et artistes invités par Jean-Marie Besset) se retrouvent autour d’un verre, dans la fraîcheur du jardin ombragé de cyprès et de lauriers. Le premier soir, c’est l’occasion pour moi de faire connaissance avec les parents de Jean-Marie Besset qui se sont investis dès la première année pour concrétiser le projet de leur fils. Beaucoup d’habitués du festival se retrouvent chaque soir dans la propriété de ce dernier.
A 21h, nous prenons place dans le parterre face aux ruines de l’abbaye d’Alet-les-Bains. La magie des lieux opère d’emblée et quand la lumière éclaire cette scène improvisée, le public retrouve sa fonction première d’enfant, émerveillé et prêt à écouter une « histoire nouvelle », celle de Maxime d’Aboville et de son récent succès « Je ne suis pas Michel Bouquet ».
Après le spectacle, nous nous retrouvons tous réunis, dans les jardins de l’Evêché, non loin de l’abbaye, pour un dîner arrosé de la célèbre blanquette. Je suis heureuse de retrouver à ma table Maxime d’Aboville et Valentin de Carbonnières (qui joue dans la lecture-spectacle du lendemain), ainsi que d’autres charmants voisins.
Dimanche 26 juillet
Sur la place principale, au Café du Commerce, au moment où Limoux sort de sa messe dominicale, je retrouve mes amis festivaliers et fait la connaissance de la fameuse Jeannette, véritable pillier du festival.
Passionnée de théâtre et de littérature, Jeannette, 92 ans, l’œil pétillant, ne tarit pas d’éloges sur le festival et son directeur. Elle est heureuse de connaître chaque nouveau festivalier et m’offre un petit verre de Chardonnay en prime !
Un peu plus tard, c’est à un déjeuner à l’ambiance véritablement familiale que je suis conviée, dans le beau domaine de la famille Besset, qui abrite également les apéros du soir.
Une piscine vient me tendre les bras, à l’heure de la sieste. A 14h, Valentin de Carbonnières commence avec appétit son petit-déjeuner (!). L’après-midi, les comédiens répètent, les festivaliers se reposent, tandis que le soleil « cogne ». Douce torpeur…
Après l’apéro-dinatoire, on migre vers le domaine viticole de Flandry qui produit la toujours fameuse blanquette de Limoux. Au pied du château XIXème, il y a le plateau et les gradins, prêts à accueillir les spectateurs de Au pied de la montagne noire dont Régis de Martrin-Donos signe l’écriture et la mise en espace de cette lecture-spectacle.
‘C’est une véritable standing ovation qui a lieu au moment des saluts. Le public a été cueilli par l’histoire très émouvante et poétique de ces quatre personnages forts, au parcours de vie sensiblement différent, entre apprentissage, religion, transmission, transgression et amour.
Pour fêter ce beau succès, le festival reçoit ses festivaliers dans la cour du château, non loin des caves et où une immense paella attend les convives. La soirée finit dans la bonne humeur avec quelques pas de danse initiés par les comédiens du festival. Je ne tarde pas à les rejoindre sur la piste de danse improvisée. Esprit Paillettes n’a pas dit son dernier mot !
Un grand merci à toute l’équipe du Festival, à Jean-Marie Besset et à sa famille dont l’accueil a été particulièrement chaleureux, ainsi qu’à Danny qui m’a hébergée avec tant de gentillesse.
La 20ème édition du Festival #NAVA s’achève le samedi 1er août.
Retrouvez ici son programme complet !
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eimelle
une belle programmation ! et un cadre de rêve !
Laetitia Heurteau
Oui, en effet !