Petit tour d’’horizons des cinq pièces incontournables de la saison, selon Esprit Paillettes…
1/ Le Diable Rouge, d’’Antoine Rault

Au Théâtre Montparnasse, de septembre 2008 à juin 2009, Claude Rich se régale littéralement sur scène et son bonheur de jouer est communicatif. Auprès de Geneviève Casile qui joue Anne d’Autriche, il campe un Mazarin délicieusement retors et cabot à souhait ! Le texte est d’une réjouissante actualité et les « bons mots » fusent. Autour de ce duo d’acteurs mémorable, la relève est assurée. Les jeunes comédiens Adrien Melin et Alexandra Ansidei campent respectivement un Louis XIV sur la route du pouvoir et une gracieuse Marie Mancini avec beaucoup de justesse. Signalons enfin la mise en scène de Christophe Lidon, à la hauteur de ce grand événement de théâtre. Une tournée en province est prévue dès octobre 2009 pour cette pièce qui a récolté sept nominations aux Molières 2009.

2/ Très Chère Mathilde, d’Israel Horovitz

Dans la grande salle du théâtre Marigny, cette brillante création du dramaturge américain Horovitz fait mouche. Il faut dire que le jeu des comédiens est d’un niveau particulièrement élevé ! Celui de Line Renaud, bien sûr, mais également celui de Samuel Labarthe (nommé au Molière du comédien 2009) qui campe, avec un accent américain impeccable, une figure de « loser » romantique émouvante, habitée par un terrible secret. Quand une belle histoire d’amour peut en détruire une autre… C’est ce que nous raconte avec beaucoup de délicatesse la confrontation sur scène de ces trois personnages à la recherche du bonheur, dont le voisinage du jardin du Luxembourg est habilement suggéré dans un jeu de décor et de mise en scène très raffiné. Jusqu’au 7 juin au Théâtre Marigny.

3/ Baby Doll, de Tennessee Williams

Bien des metteurs en scène se sont cassés les dents avec les pièces de Tennessee Williams. Ici, au Théâtre de l’Atelier, c’est tout le contraire! Mélanie Thierry joue avec beaucoup de fraîcheur et d’éclat cette jeune héroïne, injustement mariée à un rustre et qui découvre à l’orée de ses vingt ans tout le plaisir que le jeu de la séduction peut procurer auprès de cet étranger diablement séduisant qui vient frapper à sa porte. La mise en scène et la disposition des décors rendent cette tension sexuelle presque palpable. A noter l’excellente prestation de Xavier Gallais et de Monique Chaumette (Molière 2009 de la comédienne dans un second rôle). Jusqu’à fin juin 2009.

4/ Les deux canards de Tristan Bernard

L’amour est un vilain petit traquenard et Gélidon, séducteur impénitent, va en faire les frais quand il se voit contraint d’accepter le poste de rédacteur en chef de deux journaux politiquement opposés. Au programme ce soir, joyeux cabotinage, fous rires fréquents et répliques qui font mouche… Charmants et comiques à la fois, tels sont les personnages incarnés par Yvan Le Bolloch et Isabelle Nanty dont on attend avec impatience chaque apparition. A noter que le Théâtre Antoine reprogramme cette pièce dès ce mois -ci.

5/ Le Facteur sonne toujours deux fois, de James M. Cain

Au cœur de ce polar tragique, le souffle romanesque s’est posé sur la scène des Mathurins grâce notamment à l’interprétation d’Olivier Sitruk qui parvient avec élégance et efficacité à servir de narrateur et de personnage principal. L’éclairage qui l’enveloppe quelques instants au début de la pièce rappelle celui des photographes de plateaux de l’âge d’or du cinéma américain. Laura Presgurvic interprète une sulfureuse Cora tandis qu’Etienne Chicot joue avec brio un mari par trop encombrant… Enfin, les personnages secondaires comme l’inspecteur (Yvan Varco) ou le jeune greffier (Xavier Lafitte), prennent un malin plaisir à manipuler ce couple maudit dont le dénouement est raconté avec une forte émotion.