L’air vivifiant du conservatoire

Chaque année, le Conservatoire National supérieur d’Art Dramatique propose des « ateliers d’interprétation », organisés par les élèves de troisième année. Un moment de théâtre vivifiant avant l’étape redoutée des présentations de fin d’année. Dans Hôtel du Brésil, Benjamin Abitan dirige ses camarades en revisitant les rêves de célèbres poètes.

ENTRER DANS LE RÊVE

Un peu comme dans une séance d’hypnose, les comédiens proposent à leur public de se détendre. On ne fermera pas les yeux, bien sûr mais symboliquement les lumières s’éteignent, le silence de la nuit se fait pesant. Plusieurs minutes s’écoulent avant qu’une mélodie très enfantine se fasse entendre, reprise immédiatement par tous les comédiens : « Entrer dans le rêve ! ». Ce chœur étonnamment souriant, psalmodie ce refrain qui va nous plonger dans l’univers onirique où très vite le récit se déstructure.


Inspirée des récits de rêve de Maurice Blanchet, René Char, Federico Fellini, Marcel Jouhandeau, ou Michel Leiris, cette création collective explore à la fois une forme de récit labyrinthique en s’interrogeant avec malice sur la réception un peu hagarde de son public.

Ainsi le déroulement des « actes », dont le nombre s’allonge de manière très abstraite, est entrecoupé par l’intervention de comédiens venus « interviewer » une représentante du public. Que se passe-t’il sur scène ? Peut-elle nous le résumer ?- Eh bien, eh bien, c’est l’histoire d’un « père-fils »…

La scène est jouée, bien sûr, et répétée à plusieurs reprises. Dans cette représentation expérimentale, les comédiens malmènent notre esprit cartésien. On croit trouver un sens à cette série de sketches, mais au final, on est parfaitement déboussolés.
Sur scène, l’interprétation est riche : joyeuse et grave, où le regard enfantin croise celui de l’adulte, où les thèmes de la sexualité, du parricide et de l’inceste sont abordés avec un ton souvent parodique.

L’écriture scénique est également stylisée avec ces rideaux de baignoire qu’on arrache, ces accessoires insolites qui forment d’autres ouvertures dans l’espace. La fin est un tel feu d’artifices, qu’au moment où l’une des comédiennes de la troupe nous invite à prendre un verre, le public hésite encore si la question relève d’une nouvelle expérimentation ou bien de la réalité…

A noter prochainement « les Journées de Juin du Conservatoire » :

Classe de Philippe Torreton : lundi 15 juin à 19h30, mardi 16 juin à 14h, théâtre.
Classe de Dominique Valadié : mardi 16 juin à 14h30, mercredi 17 juin à 14h30, salle Jouvet.
Classe de Jean- Damien Barbin : samedi 20 juin 15h, 17h, 19h30, 21h30, dimanche 21 juin 15h, 17h, 19h30, 21h30, théâtre.
Classe de Sandy Ouvrier : jeudi 25 juin 15h, 20h, vendredi 26 juin 15h, 20h, samedi 27 juin 20h, salle Jouvet
Classe de Daniel Mesguich : vendredi 26 juin 20h30, samedi 27 juin 15h, 20h30, théâtre
Classe de Yann-Joël Collin : samedi 27 juin 18h, dimanche 28 juin 16h, lundi 29 juin 18h, La Fémis
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