Rentrée théâtrale 2009 : Parole et Guérison de Christopher Hampton

La rentrée 2009 s’annonce audacieuse au Théâtre Montparnasse, qui se frotte à une période trouble de la psychanalyse, c’est-à-dire à l’heure de ses balbutiements. Ici des confrontations passionnées s’opèrent entre le jeune Jung et son éminent mentor, Freud, mais surtout entre la patiente Sabina Spielrein et son analyste et amant Jung…

Pour éviter l’écueil de la mise en scène d’une pièce au sujet trop médicalement spécialisé, Parole et Guérison du dramaturge et scénariste britannique de renom, Christopher Hampton, s’interroge surtout sur la dimension humaine de cette recherche psychanalytique, à la fois dans le rapport sexuel et amoureux très fort qui se noue entre l’analyste et sa jeune patiente, mais également dans cette filiation intellectuelle qui s’ébauche progressivement entre Jung et Freud.


Le spectateur est ainsi et ce dès les premières minutes de la pièce pris à la gorge par l’interprétation de Barbara Schulz, névrotique à la voix et à la gestuelle méconnaissables. Sa performance est d’autant plus à saluer que cette première partie de la pièce est la plus chargée en émotions et en violence physique et verbale. Face à elle, le jeune analyste Jung (Samuel Le Bihan, très charismatique), marié et père de famille, très posé, nourri des travaux de Freud (Bruno Abraham – Kremer) qu’il ne connaît pourtant pas encore personnellement mais qu’il admire secrètement, voit peu à peu sa belle armure de praticien et d’homme marié se briser.

Psychanalyse et liaisons dangereuses

Autour de ces trois « acteurs » singuliers de la psychanalyse de 1904, le décor est à la fois d’une grande abstraction et d’une grande complexité. On est en effet frappé par ce bloc imposant à la blancheur clinique, situé à la gauche de la scène, architecture menaçante d’où des tiroirs ingénieux et des portes coulissantes, s’ouvrent et se referment au gré des nombreux volte- faces de la pièce.

Les personnages secondaires ont également leur mot à dire et ne sont pas là par hasard : on apprécie ainsi le jeu « border-line », d’Alexandre Zambeaux, qui campe un dandy névrotique attachant, ou bien le jeu tout en retenue de celle qui interprète la femme de Jung, Léna Bréban, jamais vraiment dupe des amours de son mari.

Didier Long, dans l’abstraction la plus totale ose la confrontation de ces personnages aux costumes élégants, qui restent souvent longtemps sur scène alors qu’ils n’ont pourtant plus la parole. C’est toute la perversité de ces rapports ambivalents, entre l’éthique de cette nouvelle science à défendre et ces deux figures pourtant bien humaines de « mentors » (Freud par rapport à Jung et Jung par rapport à Sabina). L’émancipation devient alors la seule des guérisons possibles.

Esprit Paillettes

Parole et Guérison

De Christopher Hampton
Mise en scène de Didier Long
Avec Barbara Schulz, Samuel Le Bihan, Bruno Abraham-Kremer, Léna Bréban, Alexandre Zambeaux, Candice Crosmary
Décor de Jean-Michel Adam
Costumes de Tim Notham
Lumières de Laurent Beal
Musique originale de François Peyrony
Collaboratrice artistique à la mise en scène d’Anne Rotenberg
assistant: Jeaoffrey Bourdenet

Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Location: 01 43 22 77 74

du mardi au samedi à 20h30
matinées samedi 17h et dimanche 15h30

Crédits Photos: droits réservés.

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