Rose et Noir : gare au Nanar !

En 1577, Pic Saint Loup, grand couturier sur le déclin, se voit confier par le roi Henri III, une mission diplomatique : il doit confectionner sa plus belle robe de cérémonie pour le mariage arrangé d’un de ses neveux avec la fille d’un Grand d’Espagne.

En 2009, Gérard Jugnot comédien à succès mais réalisateur sur le déclin, confie au roi Luc Besson une mission diplomatique de la plus haute importance : distribuer son gros navet dans un maximum de salles possibles en France…

Le dossier de presse en papier glacé Europacorp sentait pourtant si bon quand on nous l’a gracieusement offert à l’entrée de la salle de projection de presse… Oui mais voilà, le packaging, c’est bien, les grands moyens ça aident, c’est certain, mais et l’histoire dans tout ça ?


Eh bien disons qu’elle est tout simplement inexistante : un grand couturier homo jusqu’aux orteils qui se balade en rose bonbon pendant tout le film avec ses « mignons » dans l’Espagne de l’Inquisition : qui donc honnêtement cela pouvait intéresser ? Sérieusement ?!

Evidemment, c’est une comédie, nous explique Gérard Jugnot dans le remarquable dossier de presse. Ce dernier a pris le ton d’un Stanley Kubrick nous parlant de son Barry Lyndon : « Le but était de raconter une histoire de fantaisie se déroulant en 1577 mais devant laquelle un spectateur de 2009 pourrait se dire : « Ah tiens, ça me parle… » C’est pour ça d’ailleurs que je dis que Rose et Noir n’est pas un film à costumes mais un film costumé. Ce qu’on voulait c’est que le spectateur ait de l’empathie pour les personnages, qu’il puisse s’identifier à eux même s’ils vivaient il y a 400 ans et trouver ainsi, ce que j’aime dans les films : de l’émotion et du rire. »

Voilà, autant pour nous, Gérard, on n’avait mal compris : il y a de la nuance dans votre film, comme le travail sur vos répliques : « Depuis le début, je voulais que le parfumeur soit juif, juste parce que ça m’amusait de faire dire « votre nez est juif ». C’est le genre de truc qui me fait rire. Le film est avant tout un divertissement. »

Difficile ici d’opiner du chef, tant nous avons regardé notre montre toutes les trois minutes et ce, dès le générique du film. On tente par tous les moyens de jouer au critique bienveillant mais force est de constater qu’aucune séquence n’est à sauver, et ce malgré la beauté des lieux et l’indéniable travail de la costumière, Martine Rapin.

Eh oui, je sais ça sent le sapin quand on commence à louer le travail des costumiers dans une critique de films. Il faut dire qu’ici le ton général du film est outrancier, vulgaire (les pets à répétitions, merci Monsieur Jugnot), à la limite du racisme (on vous passe ici les nombreuses blagues sur les homos, les Arabes, les Cathos et les Protestants), et qui n’apporte pas grand-chose sur les « coulisses des fashion victimes du XVI° siècle ».

Même la scène un peu « olé olé » du défilé sur fond de musique contemporaine nous accable. Comme le discours moralisateur du procès à la fin du film : « la différence, les mecs, c’est beau ! ». Plombant…

Rest in peace, Stanley!

Rose&Noir
Un film de Gérard Jugnot
Durée: 1h37
Au cinéma le 14 octobre 2009.

Post A Comment