Emile Cohl cinéaste pionnier

Une soirée « Gaumont Palace » donnée à l’auditorium du Musée d’Orsay le 12 octobre dernier m’offrit l’occasion de (re)découvrir un cinéaste français à l’ingéniosité technique aussi ravageuse que son univers fantastique et décalé. Emile Cohl qui travailla pour la Gaumont de 1907 à 1914 avait percé le mystère de l’animation et offrit en 1908 le premier dessin animé, produit par la Gaumont, sous le nom de « Fantasmagorie ».

La figure bonhomme, ce cinéaste de qui Walt Disney rappelait souvent qu’il devait toute sa carrière, a touché un peu à tout avant de s’intéresser au cinématographe. Ex-dessinateur de portraits-charge, inventeur de rébus, poseur de devinettes, Cohl ne craignait pas les jeux d’images, les coqs à l’âne visuels.
En 1908, à l’âge de cinquante ans, il présente « Fantasmagorie », génial premier film d’animation que l’on retrouve dans le nouveau coffret Gaumont, consacré à Emile Cohl, Jean Durand et les autres cinéastes pionniers. L’humour et le rythme endiablé des images de Cohl ne vont cesser d’être reproduits par la suite dans son oeuvre (Un drame chez les Fantoches, Les Joyeux Microbes, Les lunettes féériques, Le Binétoscope, Le Retapeur de cervelles).

Le cinéma d’animation inventé en France pour la seconde fois

Un beau soir de 1907, arrive à Paris un film de Stuart Blackton intitulé L’Hôtel hanté (dans un hôtel hanté un voyageur affolé voit une table servie par des mains invisibles, le saucisson se découper tout seul et la chambre à coucher se retourner de temps en temps). La technique surprend les hommes de Gaumont et à la barbe de Feuillade, c’est Emile Cohl qui découvre « le truc »!

Le mouvement n’était pas obtenu par des fils, des machines ou des effets de magie noire. Il suffisait de déplacer légèrement les objets avant d’enregistrer une image et de tourner le film, image par image, one tour one picture, un giro di manovella per ogni imagine. C’est ainsi que le cinéma d’animation fut inventé en France pour la seconde fois!

A Flushing (USA) où se trouvait la filiale Gaumont, un certain Winsor McCay étudiait de près tous les envois de Cohl. Quand celui-ci vient présenter son savoir-faire sur le nouveau continent, il sait qu’en revenant en France en 1914, il a laissé derrière lui le dessin animé en Amérique!

Après la guerre de 1914-1918, le petit artisanat français trouva en face de lui une puissante industrie américaine, remarquablement équipée, utilisant des groupes d’artistes entraînés, pouvant compter sur des débouchés importants…

Gaumont Le Cinéma Premier 1907-1916 volume 2
Emile Cohl, Jean Durand et autres réalisateurs pionniers

Edition Gaumont Vidéo, sortie le 15 octobre 2009
Coffrets 6 DVD, 59,99€

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