Le 8ème ciel : une pièce qui fait du bien

Au théâtre La Bruyère, nous est donnée actuellement une pièce très belle et juste (signée et mise en scène par Jean-Philippe Daguerre à qui l’on doit, entre autres, Adieu Monsieur Haffmann). Elle traite de deux sujets forts avec beaucoup d’humour et de sensibilité, à savoir prendre sa retraite après une vie professionnelle intense auréolée de succès et faire une rencontre sociale qui va tout bouleverser.  

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voulais ici te partager un échange que j’ai eu au lendemain d’avoir vu cette pièce. Une dame que j’ai rencontrée à mon cours de Pilates (eh oui, je fais du Pilates !), m’avouait sa détresse après avoir pris sa retraite. Toute sa vie, elle avait pratiqué un métier-passion et brusquement s’était sentie parfaitement inutile, aux yeux de la société et pire, à ses propres yeux. Il y avait cette nouvelle vie devant elle à réinventer. Je lui ai bien sûr, comme à toi ici, vivement recommandé cette pièce.

Agnès Duval (Florence Pernel, particulièrement drôle et touchante à la fois) vit justement ça sous nos yeux : la pièce s’ouvre sur son discours de réception de la Légion d’honneur qui concrétise le couronnement de sa carrière de brillante architecte (elle a notamment construit pas moins de 27 buildings en Europe). On peut-dire que les sommets, ça la connaît.

Ainsi quand elle prend sa retraite, elle tombe de haut : ses privilèges fondent comme neige au soleil, et même son mari (Bernard Malaka merveilleux d’humour et de finesse) a quelque chose à lui révéler qui nécessite de « s’asseoir et de l’écouter jusqu’au bout sans rien dire ». Peut-être serait-il alors judicieux de renouer avec son jeune amant et ex-collègue (le séduisant et attachant Tanguy Vrignault) ?

Mais son jardinier (génial Marc Siemiatycki, qui joue aussi le rôle de Marc, l’avocat d’Agnès) va lui présenter deux curieux oiseaux : les réfugiés géorgiens Lasha (Antoine Guiraud, aussi inquiétant que touchant) et son épouse Macha (Charlotte Matzneff, tout aussi déroutante que son mari et qui joue aussi le rôle d’Anna, la fille qu’Agnès a délaissée durant sa vie d’architecte à succès).

Florence Pernel et Benoît MalakaCrédits photo : Grégoire Matzneff

Florence Pernel et Benoît Malaka – Crédits photo : Grégoire Matzneff

Ce joli message d’espoir

Tu te dis alors que tout ça pourrait doucement sombrer dans le pathos, sur fond de crise d’immigration. Et tu aurais tort !

Le 8ème ciel, grâce à l’écriture très contrastée de ces personnages t’entraîne justement dans un tourbillon d’émotions, de rires et de surprises. Tu es sensible aussi à sa scénographie et son décor ingénieux qui illustre à merveille le voyage intérieur et géographique de l’héroïne, sortant enfin de sa cage dorée.

Tu ris aussi et c’est chouette de partager ça tous ensemble. Et en même temps, tu as aussi ta petite larme fugace (pour moi, c’est un excellent indicateur, pas toi ?).

Parce que derrière l’histoire d’une vie brusquement chamboulée, il y a aussi ce joli message d’espoir !

Bref, te voilà prévenu(e) et tu sais ce qu’il te reste à faire : prends ton billet fissa et hop, direction le La Bruyère ! J’dis ça, j’dis rien…

Le 8ème ciel

Ecrit et mis en scène par Jean-Philippe Daguerre
Avec Florence Pernel, Bernard Malaka, Charlotte Matzneff, 
Marck Siemiatycki, Antoine Guiraud.
Décors : Juliette Azzopardi et Jean-Benoît Thibaud
Costumes : Alain Blanchot
Lumières : Moïse Hill
Création musique et assistant mise en scène : Hervé Haine

Théâtre Actuel La Bruyère
Du mardi au samedi 21h et le dimanche à 16h30
www.theatrelabruyere.com
Résa : 01 48 74 76 99

Crédit photos / Copyright : Grégoire Matzneff

 

Post A Comment