Comme chien et chat

Que se passe-t’il dans la tête de nos bien-aimés « quatre pattes » ? Avec Il nous manquait juste la parole, c’est ce à quoi Sylvie Poiret s’est amusée d’imaginer, pour sa première écriture et mise en scène. Tous les week-ends, jusqu’au 26 mars, dans la chaleureuse petite salle du Laurette Théâtre, elle nous convie à écouter ce surprenant et malicieux dialogues de bêtes.

Sylvie Poiret, longtemps intimidée par le bel héritage laissé au théâtre par ses parents (elle est la fille de Jean Poiret et de Françoise Dorin, ndlr) a choisi aujourd’hui de faire entendre à son tour ses propres mots. Elle a ainsi, pour l’occasion, pris la plume et observé ses fidèles compagnons avec attention.

Le chat rouquin Alceste et Diane, l’épagneul breton racé, réfugiés dans la cave de la maison, commentent avec malice les curieuses coutumes de « leurs fidèles compagnons » (traduisez ici : de leurs chers maîtres). Célimène est la maîtresse d’Alceste (tiens donc !), plus énamouré que jamais de cette dernière, tandis que Freddie emmène Diane, ravie, à la chasse ou pour de longues promenades complices. Oui mais voilà, Freddie a un comportement de plus en plus mystérieux…

A travers la lorgnette de ces attachants animaux domestiques, Sylvie Poiret questionne le couple, la vie conjugale, la complicité, l’amour mais aussi la maladie qui vient tout chambouler. Pour ce faire, elle inverse judicieusement les situations, comme par exemple, ces voix humaines, en fond sonore, parfaitement incompréhensibles et qui font irruption parfois dans la vie fort calme des bêtes de façon très intrusive. Comme les humains font du bruit ! Comme ils sont imprévisibles et bien ridicules parfois aussi ! Les relations homme-animal ici sont, vous l’aurez compris, volontiers brouillées. Car au fond, qui de l’animal ou de l’homme est vraiment le plus domestique de l’autre ?

Une interprétation animale qui réjouit

Sur scène, les deux comédiens campent leur animal respectif avec beaucoup de présence, d’expressivité et de drôlerie. Il faut dire que leurs costumes souples, bien que symbolisant à merveille l’animalité de chacun, leur permettent une grande liberté de jeu.

Ainsi Julien Mintsikidès, prostré sur son canapé, interprète un Alceste volontiers paresseux, curieux et langue de vipère, avec toute une gestuelle de chat qui amusera grands et petits.

Margaux Laplace, quant à elle, compose un personnage, à l’inverse, plein d’énergie, qui mordille des jouets pour animaux, bondit ou gesticule régulièrement. Face à son compagnon de fortune, hormis son os, elle ne mâchera pas ses mots.

Et c’est justement ce que recherche Sylvie Poiret dans cette mise en scène qui se sert astucieusement des accessoires (un canapé, des jouets, une pelote de laine, un panier pour chien…) : accentuer l’animalité de ses personnages. Tout en faisant entendre leurs enjeux psychologiques, somme toute, fort « humains » : se faire aimer de l’autre, être fidèle, savoir se protéger, faire face à l’adversité ou  tout simplement reconnaître les bienfaits de l’amitié. Avec une petite surprise musicale à la fin, dirigée et concoctée avec amour par Yves Aouizerate et toute l’équipe, mais chut !

Un « dialogue de bêtes » philosophe, joyeux et original que je vous recommande vivement, en ce mois de mars plutôt houleux…

l'affiche 2023Il nous manquait juste la parole

Ecriture et mise en scène de Sylvie Poiret
Avec Margaux Laplace et Julien Mintsikidès
Illustration musicale : Yves Aouizerate
Costumes : Manée

Laurette Théâtre

Tous les week-ends jusqu’au 26 mars inclus, 
à 17h le samedi et 16h le dimanche.
Réservation : 09 84 14 12 12 ou 06 95 54 56 59
Ou en ligne ici !

 

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