Critique théâtre: L’Affrontement

Dans un séminaire irlandais, de nos jours. La mouture 2013 de cette pièce, créée il y a déjà vingt ans par Bill C. Davis et interprétée alors par Jean Piat, reste volontairement contemporaine. Steve Suissa s’intéresse, en effet, à notre rapport universel à la religion, à travers cet « affrontement » de deux prêtres, l’un mentor charismatique et imbu de son pouvoir incarné par Francis Huster, le second, jeune prêtre un peu chien fou mais en quête de vérité, remarquablement joué par Davy Sardou.

C’est un véritable « affrontement », il n’y a pas d’autre mot, qui se joue tous les soirs au Théâtre Rive-Gauche depuis le 28 avril dernier. Si la trame de fond est la religion et notre façon de la vivre au quotidien, le duel qui s’opère entre le père Tim Farley (Francis Huster) et le jeune séminariste Mark Dolson (Davy Sardou) dépasse le simple cadre des problème strictement « catholiques ».

L’affrontement a lieu tant sur le mode des idées échangées et Dieu sait si les thématiques sont ici fortes (mariage des prêtres, droit au sacerdoce des femmes), que sur la personnalité forcément antithétique de ces deux duellistes.

La liberté est dans la vérité

A Tim Farley, on a confié la charge de la formation du jeune Mark Dolson. C’est un jeune chien fou qui n’hésite pas à le contredire jusqu’en public, lors de ses fameux sermons, moments qui ressemblent plus à un show bien huilé qu’à un instant de réelle réflexion religieuse. Francis Huster va alors incarner ce personnage dans toute son emphase.

Face à lui, le personnage de Mark Dolson, incarné avec une grande justesse par Davy Sardou, se dévoile peu à peu dans toute sa complexité. On est frappé par la sincérité de ses confidences comme de ses interrogations, l’importance donnée à sa quête de la foi qui diverge au premier abord du show permanent des apparences dans lequel Tim Farley s’est enfermé depuis bien des années.

Derrière cet affrontement, il y a pourtant un réel échange qui s’opère petit à petit entre ces deux hommes, symbolisant nos doutes les plus intimes face à l’inexplicable. Mais aussi face à notre comportement universel de nous cacher derrière une image « parfaite », des répliques bien pensantes toutes trouvées. Au final, la réflexion formée par ces deux prêtres, qui se ressemblent plus qu’ils n’osent l’imaginer, nous invite nous-mêmes à réfléchir sur nos propres automatismes sociaux, nos propres mensonges.

Ce spectacle, tour à tour, divertit, interpelle, émeut. Après ce moment de tension si intense, surgit alors celui grisant de liberté (la quête de la vérité est à ce prix) et qui nous fait sortir de la salle un peu plus légers, un peu différents aussi…

 

L’Affrontement de Bill C. Davis

Mise en scène de Steve Suissa

Avec Francis Huster et Davy Sardou

Décor Stéfanie Jarre
Costumes Edith Vesperini
Lumières Jacques Rouveyrollis
Son Alexandre Lessertisseur
Assistant mise en scène Denis Lemaître

Durée : 1h30

A partir du 28 avril 2013

EN AVANT PREMIÈRE

du mardi au samedi à 19h

En matinée le dimanche à 17h30

À PARTIR DU 4 JUIN 2013

du mardi au samedi à 21h

en matinée le dimanche à 17h30

Location: 01 43 35 32 31

www.theatre-rive-gauche.com

Tarifs: 44€/39€/34€

Théâtre Rive Gauche

6 rue de la Gaîté 75014 Paris / M° Edgar Quinet ou Gaîté
Crédits Photo: Lot

 

 

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