Spécial Inception : la critique !

Film de l’année pour beaucoup de journalistes avant même de l’avoir vu, le moins qu’on puisse dire est qu’Inception, le nouveau film de Christopher Nolan (Memento, The Dark Knight) était très attendu. Au final, Inception réussit son pari de captiver jusqu’au bout et de nous transporter dans un univers visuel inédit, malgré toutefois quelques faiblesses scénaristiques.

Après avoir exploré les étonnants ressorts de notre mémoire (Memento) ou de notre fascination pour la magie (Le Prestige), Christopher Nolan s’attaque au monde des rêves et de notre subconscient à travers le prisme d’un thriller psychologique pour le moins haletant et exigeant.

Car sans nul doute nous assistons ici à une forme visuelle sans précédent, un univers onirique d’une imagination folle, au service d’un scénario foisonnant d’idées.

En cela, Inception se permet tout : plier Paris en deux, alterner scènes de braquage ou courses –poursuites et scènes mélodramatiques, proposer d’étranges combats aériens, inviter le spectateur dans l’inquiétant abîme du rêve qui va se scinder en plusieurs dimensions. Bref, Christopher Nolan met le paquet, n’arrivant toutefois pas à nous convaincre pleinement.

Mais si l’idée de l’extraction des rêves dans le cadre d’un thriller psychologique était tout bonnement inédite et propice à un récit onirique et visuel excitant, Nolan nous arnaque un peu côté scénario et montage. Beaucoup de concepts restent ici trop abstraits et on ne parle pas du langage pseudo-scientifique du film (sensé nous expliquer l’art de « l’inception ») qui nous assomme un peu dans ses vingt premières minutes.

UN CINEMA DE L’EFFET

Le concept « d’architecte de rêves » par exemple est ici représenté avec beaucoup de raccourcis dans une unique scène où DiCaprio confie à Ellen Paige la mission de dessiner l’architecture du rêve de son prochain braquage. Grâce à un test concluant sur un labyrinthe dessiné sur un mouchoir de poche, la jeune femme est recrutée. Quant à nous, c’est bon, maintenant on sait ce que c’est qu’un architecte de rêves. Hum ! Un peu limite…

L’argument de départ également expliquant que le personnage interprété par Ken Watanabe ce riche industriel japonais au bras long, peut aider le héros à sauver sa destinée d’un claquement de doigts, nous laisse également interrogateur.

Côté écriture des personnages, si l’écriture du héros est suffisamment complexe (on sait que son interprète, DiCaprio, a veillé au grain), celle de ses congénères se révèle purement fonctionnelle. A noter toutefois que la belle Marion Cotillard, tire habilement son épingle du jeu (malgré un nombre de scènes limité) en incarnant un être mi –fantôme mi- femme fatale, sorte de double psychique du héros.

Le montage de Nolan enfin s’emballe un peu trop à montrer la distorsion du temps des rêves par rapport à la réalité, en alternant ralentis très léchés et scènes d’action bourrées d’explosifs. Le metteur en scène a également tendance à « surexpliquer » les éléments du récit (la mise en abyme du rêve, les détails qui le différencie de la réalité, les indications temporelles, etc).

« Inception est une expérience de cinéma » scandent ses interprètes, de passage à Paris. Il est dommage que cette expérience ait cédé à quelques facilités scénaristiques. Mais somme toute, le plaisir du cinéphile est bel et bien là. Intense.

Inception, de Christopher Nolan
Avec Leonardo DiCaprio, Marion Cotillard, Michael Caine, Joseph Gordon-Levitt, Ellen Paige, Tom Hady, Cillian Murphy, etc.

Sortie nationale le 21 juillet 2010

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