Dans les coulisses du spectacle de Ben (1)

Depuis septembre dernier, l’humoriste et comédien Ben brûle les planches du Théâtre Le Temple, proposant un one man show particulièrement jubilatoire. Il écrit également des chroniques pour France Inter (La Matinale, Le Fou du Roi), l’occasion pour cet artiste de développer et de nourrir quotidiennement son univers à forte teneur poético-comique.


Dans cet emploi du temps actuel plutôt chargé qu’est-ce qui vous plaît et qu’est-ce qui vous angoisse aussi ?

Ce qui me plaît, c’est que je fais plein de trucs: j’apprends, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Le spectacle arrive à une certaine maturité. Donc je le vis vraiment comme une récréation. Et ce qui m’angoisse a plus à voir avec ce que je fais depuis moins longtemps, comme les chroniques radio à La Matinale où il n’y a pas de public. Les tournages aussi où je commence à « faire l’acteur » un peu. C’est un truc dont je n’ai pas super l’habitude, où je n’ai pas de retour immédiat comme sur la scène.

Une journée type de « Ben » par exemple…

Quand je fais La Matinale, deux fois par semaine, je commence la journée à six heures. Je prends une douche, j’avale un thé et je pars à la radio où j’arrive un peu à l’avance pour m’isoler dans un bureau, je relis mon texte. Après ma chronique, je prends le temps de boire un petit café, généralement sur place. Après je vais faire du sport, je reviens, je reprends une douche, je mange et l’après-midi, en ce moment je travaille sur le montage d’un programme court que j’ai conçu avec un copain. Sinon, il peut y avoir des interviews, de l’écriture, de la lecture, des répétitions pour le spectacle. J’essaie quand je peux de me reposer pour mieux assurer le soir sur scène.

Il n’y a pas de journée « type » finalement. Mais en gros, j’ai toujours quelque chose à faire et je prends aussi du temps pour faire du sport. Et en ce moment, j’ai du mal…

Comment est né le personnage de Ben ?

Je ne sais pas trop. Je suis monté sur scène, j’ai pris la parole. Après, pour trouver le ton, ça doit dépendre de plein d’influences qui m’ont marquées. J’ai toujours été attiré par des gens comme François Rollin, Boris Vian pour son côté surréaliste et sa faculté à parler de la vie sans parler du quotidien, ou imaginer un quotidien qui sorte un peu du réel. J’aime bien Woody Allen. Ma mère adorant Baudelaire, j’étais donc un peu initié. Je ne me compare pas à Baudelaire, attention ! Mais j’aime bien quand c’est bien construit, qu’il y a un univers fort.

Qu’est-ce que le genre du one man show permet d’explorer ?

Pour moi c’est surtout une question de facilité. Je suis allé vers ça parce que quand on est seul, on n’a pas besoin de dépendre des autres. Je me mets en scène tout seul. J’écris des textes, je les joue et je sais que je pourrais toujours trouver un bar pour jouer et où il y aura trois personnes pour m’écouter ou même dans la rue. J’ai besoin de personne en one man show, c’est mon côté assez individualiste et indépendant. Et je ne pourrai pas vivre uniquement en attendant qu’on m’appelle.

 

Le fait d’écrire pour vous, c’est primordial ?

Oui bien sûr parce que c’est excitant de toujours créer, de se dire que c’est moi qui l’ai écrit. C’est gratifiant, c’est agréable aussi. Ça permet aussi de se questionner sur plein de choses. De ne pas dépendre surtout des autres et je me rends compte que même si j’aime bien tout ce que je fais en ce moment, je suis plus satisfait quand je travaille sur des projets que j’ai initié.

Est-ce qu’il y a des choses qui ont évolué dans le spectacle ?

Oh oui ! Il est vieux ce spectacle !… Enfin, quand je dis qu’il est vieux… Je ne me suis jamais dit que j’allais écrire un spectacle. Je me suis dit que j’allais écrire des sketches, puis je les jouais, puis je les trafiquais, je les changeais, j’en réécrivais d’autres. C’est un truc qui a été bricolé mille fois. La recherche d’appartements a énormément évolué par rapport à ce qui était au départ. Le sketch sur l’alcool aussi. Il y a des trucs qui sont arrivés cette année, comme le passage où je dis que je suis timide avec les chiens.

Ça a énormément bougé parce que je pense que je n’avais pas d’idées précises de là où je voulais aller en commençant. Sur le prochain, je pense que je vais plus avoir envie de parler de quelque chose alors que le premier spectacle c’était plus « qu’est-ce que je pourrais raconter pour aller sur scène? ».

La recette « made in Ben » serait peut-être finalement de faire passer du second degré très travaillé en premier degré ?…

Je n’ai pas pris beaucoup de cours de théâtre mais ce que je sais c’est qu’un acteur ne doit pas jouer autre chose que du premier degré. Dans l’écriture, il peut y avoir du second degré mais un acteur ne doit pas jouer le second degré. Ça énerverait très vite. J’ai bien retenu ça, j’essaie de le faire, je trouve ça plus fort quand je vois des acteurs qui joue des personnages très sérieusement. Ils n’essaient pas d’en faire une parodie. Je me concentre beaucoup là-dessus et je trouve que ça crée quelque chose de vertigineux, un décalage où les gens ne savent plus trop où ils sont. Ça devient presque de la poésie de dire un truc très décalé de manière hyper sérieuse. C’est un peu aérien…

Un grand merci à Ben pour ces confidences fort instructives et la petite bière blanche !

Le spectacle de Ben se joue jusqu’au 30 avril 2011 au Théâtre Le Temple.

Du mardi au samedi inclus, à 20h15.