Critique Cinéma : Mon Garçon de Christian Carion

D’une sobriété et d’une efficacité redoutable, Mon Garçon, le nouveau film de Christian Carion (Une Hirondelle a fait le printemps, Joyeux Noël…), nous entraîne dans une réelle zone d’inconfort, finalement peu explorée au cinéma : l’enlèvement d’un jeune garçon essentiellement vécu par son père, Julien (Guillaume Canet toujours juste) aux côtés de son ex-épouse, Marie (Mélanie Laurent, bouleversante).

L’histoire de la fabrication du film est presque aussi passionnante que le film en lui-même, tourné en six jours dans la région du Vercors (!). Son comédien principal, Guillaume Canet ne connaissait pas ce qui allait arriver à son personnage. Isolé durant le tournage, il a ainsi été amené à composer sur le vif un personnage de père en souffrance, particulièrement saisissant. Deux équipes de tournage ont permis de réaliser ce film en si peu de temps.

Il en ressort un thriller d’1h30, particulièrement resserré, d’une tension extrême et permettant à un nombre restreint de comédiens de jouer « avec les tripes ». Le sujet de l’enlèvement d’un enfant fait en soi, déjà, froid dans le dos. Le piège était de tomber dans la surenchère de violence, de pathos ou de recherche « esthétisante » douteuse.

Haletant, pulsionnel, puissant

Avec une économie de plans voulue par le réalisateur dès le départ, chaque image ici fait sens.

Scénariste, réalisateur et co-producteur Christian Carion offre à Guillaume Canet une fois de plus un rôle fort (après Joyeux Noël et L’affaire Farewell), celui ici de composer un personnage de père acculé à l’action, à une souffrance quasi pulsionnelle. En résulte une violence telle chez ce dernier dans ses procédés pour enquêter, en solitaire, que l’on comprend également en filigrane, le parcours psychologique de ce père particulièrement culpabilisé par sa relation jusqu’à présent, trop absente vis-à-vis de son fils.

Mon Garçon, haletant et toujours juste, interroge le spectateur dans sa propre intimité familiale. Jusqu’où serions-nous prêts à aller pour sauver un être innocent et fruit de notre propre chair ?

Une partie de la réponse à cette question est à découvrir en salles dès le 20 septembre prochain.

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