Critique cinéma : K-O de Fabrice Gobert

La bande-annonce nous faisait déjà saliver et le film ne nous déçoit pas, bien au contraire, tant sur le fond que sur la forme. Co-scénariste et réalisateur, Fabrice Gobert (Les Revenants) nous plonge dans une atmosphère de série américaine digne de House of Cards, transposée au cinéma, haletante et diablement bien foutue.

Fiction, réalité ? Réalité, fiction ? Le point de départ, ne serait-il pas le point d’arrivée ? Toujours est-il que l’on se prend au jeu et que le scénario comme l’image nous glissent de ça, de là de précieux indices…

Antoine Leconte (brillant Laurent Lafitte), homme de télévision, arrogant et dominateur tombe dans le coma. A son réveil, sa situation personnelle comme professionnelle a complètement basculé. Les rapports de force se sont tout simplement inversés. De l’intérieur, l’homme est brisé mais extérieurement son énergie à reconquérir la place qu’il croit lui être dû, ne cesse de se décupler.

Au fond, Antoine est comme ce joueur de boxe qui le fascine tant dès le début du film : seule la démonstration de force et la victoire l’intéresse. K.O est aussi un vocabulaire de boxe justement. Laurent Lafitte joue très bien cette dualité psychologique, apportant également une prestance, une forme de droiture digne des grandes figures d’acteurs telles que Cary Grant ou James Stewart.

Le fonctionnement de ce personnage est réussi car malgré son arrogance outrancière du début du film, très vite, l’empathie envers ce personnage gagne le spectateur du fait de l’apparition petit à petit, piano piano de ses fêlures.

Dans ce monde de la télévision, qui s’apparente également à celui d’un ring, tous les coups sont permis. Les femmes ont pourtant également leurs rôles à tenir. Car dans ce film tout est question de rôle à tenir, de place à garder ou à prendre, pour la survie de chacun. Une toile d’araignée vertigineuse où les « plus grands » ne croisent pourtant jamais les « plus petits ».

La musique redoutablement efficace de Jean-Benoit Dunckel (du groupe Air) accompagne cette traversée dans les bas-fonds humains. Dans ce récit les quelques « réveils » du héros structurent le film,  tandis que l’intrigue, prenant de l’ampleur, ne cesse de se déployer en kaléïdoscope, avec des acteurs qui, d’un réveil à l’autre, investissent d’autres personnages, d’autres fonctions dans le récit.

Un conseil, fiez-vous jusqu’au bout à la bande-son et précipitez-vous dans votre salle de cinéma (climatisée) la plus proche !

K .O

Un film de Fabrice Gobert

Avec Laurent Lafitte, Chiara Mastroianni, Pio Marmaï, Clotilde Hesme, Zita Hanrot et Jean-François Sivadier

Sortie en salles le 21 juin 2017

Post A Comment