Critique Cinéma: L’Affaire SK1

Le film de Frédéric Tellier, L’Affaire SK1,  traitant de la traque de Guy Georges dans les années 90, est une véritable épopée policière et ce, dans tous les sens du terme (ampleur du sujet, récit chronologique d’une enquête qui aura duré huit ans, scénario nécessitant neuf années d’écriture, dans le respect constant des familles des victimes, tournage en collaboration avec l’équipe du fameux 36, Quai des Orfèvres). Le scénario évite une écriture complaisante du « monstre » en se focalisant avant tout sur le point de vue de Franck Magne, ce policier acharné, incarné avec brio par Raphaël Personnaz.

L’histoire débute à la toute fin du XXème siècle, dans ce début des années quatre-vingt-dix, où les ordinateurs, les téléphones portables et les recherches par ADN n’existent pas encore. Une période si proche de la nôtre et qui nous apparaît ici notamment avec le grain travaillé des premières images du film, si archaïque encore.

Franck Magne (Raphaël Personnaz) vient d’intégrer la prestigieuse équipe de la Brigade criminelle au célèbre 36, Quai des Orfèvres et se voit confier une étrange affaire d’assassinat qu’il ne tarde pas à relier à d’autres affaires, l’assassin reproduisant le même modus operandi.

Le film raconte ces huit ans d’enquête et de traque acharnée, la hiérarchie au sein de la brigade (dans les rôles secondaires, saluons notamment la prestation de Michel Vuillermoz, en directeur d’équipe) mais surtout l’esprit de groupe et le flair de ces fins limiers tous dévoués à leur enquête.

Sobre et efficace

L’histoire est racontée avant tout dans le respect des familles des victimes (ainsi les images des jeunes femmes suppliciées que les policiers se montrent pendant l’enquête ne sont pas celles qui ont réellement existé).

Le personnage de Guy Georges est montré dans toute sa complexité humaine : c’est un homme au premier abord sympathique, qui a pour meilleur ami un psychiatre et n’hésite pas à prêter main forte à des associations. Son passé affectif pourtant lourd va le rattraper et il cédera ainsi à des pulsions meurtrières sans qu’il ne réalise lui-même l’étendue de ses actes (cf. la scène quasi finale où Franck Magne récolte les aveux de Guy Georges, surprenant plan-séquence!).

La facture du film reste sobre et constamment efficace au service, de façon chronologique, d’un récit bourré de rebondissements en tous genres (ce qui n’exclut pas des moments de suspens et de tension extrême). Les références au cinéma de Melville sont bien sûr disséminées tout au long du film (et notamment dans les locaux confinés de la Brigade criminelle).

De sorte qu’en faisant ainsi ressortir l’incroyable énergie et le dévouement de cette équipe de policiers à son enquête en même temps que le harassement progressif du groupe, la caméra de Tellier parvient à faire de cette enquête étourdissante mais vraie de la fin du XXème siècle, une épopée policière et humaine passionnante.

L’Affaire SK1
Un film de Frédéric Tellier
Avec Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz…
Sortie nationale le 7 janvier 2015

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