Critique théâtre: Billie Holiday

Décidément, le Théâtre Rive Gauche abrite ces derniers temps de véritables pépites de spectacles. Après la pièce très intrigante A tort et à raison, c’est la géniale Billie Holiday qui est en ce moment à l’honneur en alternance avec la pièce du moment, L’Affrontement (avec Francis Huster et Davy Sardou). C’est Eric-Emmanuel Schmitt, co-directeur du théâtre qui signe ici la mise en scène de cet univers musical et indéniablement poétique, dédié à l’une des reines du jazz.

Billie Holiday, rien que le nom évoque la douceur, l’effronterie, la souffrance, l’élégance, la chaleur et la féminité de cette artiste à la voix unique. C’est la talentueuse Viktor Lazlo qui incarne sur scène la reine du jazz et compose une voix à la hauteur de l’hommage.

Le spectacle avait été créé la saison dernière au Théâtre Rive Gauche. Il est repris cette année avec en plus un gros travail de mise en scène pour mieux encadrer les instants musicaux et revenir sur les temps forts de la vie de l’artiste.

Viktor Lazlo nous raconte Billie par moments avec un chaleureux rapport avec le public, agrémenté par le jeu bondissant de son orchestre. Mais progressivement, ce n’est plus Viktor qui nous parle mais bien Billie.

Délicieusement jazzy

Le caractère est bouillonnant. Il provient de son enfance particulièrement rude dans les rues de Baltimore puis de New York, où Billie doit se prostituer. Pour fuir cet univers traumatisant, victime également de la ségrégation de son époque liée à sa couleur de peau, Billie (de son vrai nom Eleanora Fagan), qui n’a jamais connu son père, propose de travailler en tant que serveuse dans les bars de jazz d’Harlem. Mais c’est sa voix qui retient très vite l’attention des directeurs de club de jazz. Elle ne tarde pas à signer son premier contrat pour un label de disques.

Eric-Emmanuel Schmitt propose d’illustrer sur scène l’univers historique et culturel de Billie Holiday, en installant des panneaux projetant des images d’archives de l’artiste, des animations, des jeux de lumières, etc.

L’ensemble reste ainsi constamment élégant, glamour, tendre, drôle, délicieusement jazzy. Les fêlures sont là également mais Eric-Emmanuel Schmitt semble avoir pris le parti de rendre hommage à cette artiste en transmettant également son exigence pour le contrôle sur scène de ses propres émotions, et qui en font de véritables œuvres poétiques et engagées comme le poème « Strange Fruit » qui rappelle la condition guère brillante des Noirs dans les années 30 aux U.S.A.

Exigeant, à l’image de Billie Holiday, ce spectacle musical est à déguster impérativement même si, toutefois, ce travail constant sur le contrôle de l’artiste sur ses émotions rend peut-être l’émotion moins palpable.

Billie Holiday n’en reste pas moins un grand poème musical, remarquablement joué et interprété.

Billie Holiday

Un spectacle musical de Viktor Lazlo
Mise en scène de Eric-Emmanuel Schmitt
D’après une idée originale de Francis Lombrail

Représentations du mercredi au samedi à 21h et le dimanche à 15h.

Location : 01 43 35 32 31
www.theatre-rive-gauche.com

Jusqu’au 2 juin inclus.

Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris

Métro : Gaîté ou Edgar Quinet.

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