Critique cinéma – Gatsby, roi de la fête

De la musique à l’image, des acteurs au texte de Fitzgerald, Baz Lurhrman compose ici une vraie réussite cinématographique tant le spectacle et la performance sautent aux yeux avec le même artifice que cette fameuse 3D qui souligne l’opulence des ces années folles, où les paillettes sont omniprésentes tant dans les airs que sur les robes de ces dames, avec pour toile de fond la prohibition et cette Amérique qui ne va pas si bien que cela…

Difficile de succéder à Redford dans le rôle de « Gatsby le Magnifique », ce séduisant autant que mystérieux milliardaire américain des années 20 qui crée des soirées mémorables dans l’unique et secret motif d’y retrouver sa belle et ancienne fiancée Daisy, mariée au riche Tom Buchanan. Le personnage de Gatsby est ici véritablement développé. Les scènes où le héros parlant de lui-même, se dévoilant autant à Daisy qu’au narrateur, son voisin et récent ami, sont beaucoup plus nombreuses que dans la version de Gatsby (1974). Cela donne l’opportunité à DiCaprio de jouer une palette plus dramatique et tourmentée que celle de Redford où son charisme naturel et sa jeunesse forment un excellent cocktail. Autant dire que DiCaprio a rempli son pari haut la main.

Face à lui, il y a bien sûr le personnage du narrateur, cet écrivain en devenir, témoin souvent involontaire de la passion incandescente qui se joue entre les deux amants retrouvés, Gatsby et Daisy. L’introduction sur le narrateur, interné dans un hôpital psychiatrique est une intention dramatique un peu surprenante et pas vraiment nécessaire pour encadrer le récit. Ce sera ma seule petite réserve !

Une œuvre d’une rare maturité

Car ce qui frappe surtout face à la prestation impeccable de DiCaprio, c’est celle éblouissante de Carey Mulligan qui ne joue pas la seule carte des « belles évaporées » comme l’avait composé auparavant Mia Farrow face à Redford. C’est ici une héroïne décidément romantique mais plus affirmée tant face à son mari que face à Gatsby. L’élégance et le désespoir secret de la jeune femme sont parfaitement incarnés par la délicate Carrey Mulligan.

Ce que l’on retient donc ici c’est toute la passion et l’énergie que Luhrmann a déployé face à un sujet fort, flamboyant mais aussi difficile et qui frappe ici particulièrement par sa force mélancolique. Il y a comme une maturité dans cette réalisation, avec une image qui grouille de vie et d’idées brillantes mais qui est cadrée avec plus de simplicité et permet de faire jaillir l’émotion plus clairement.

J’avoue que j’avais été fan de Moulin Rouge ou de Roméo+Juliette, mais je trouve qu’ici Luhrmann est allé plus loin : il n’est pas tombé dans le piège d’en faire un simple objet de cinéma brillant et décadent. Il s’est avant tout attaché à mettre en scène cette romance dans sa pureté, sa jeunesse mais aussi dans sa turpitude hélas également de la fête. Il y a aussi des accents dramatiques oppressants par petites touches qui font songer à l’univers de Tennessee Williams. Lurhman a su les agencer parfaitement au récit. Luhrmann le Magnifique nous a indéniablement régalé…

Crédits photos: Warner Bros.

 

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