Critique théâtre: La dame de la mer

Eric-Emmanuel Schmitt adapte Ibsen au Théâtre Montparnasse. En soi, cela n’est pas une mauvaise idée mais la mise en scène de cette « Dame de la mer » incarnée pourtant avec justesse par Anne Brochet, ne convainc jamais vraiment. L’ensemble est un peu ampoulé, avec un parti pris un peu confus.

La seconde épouse du docteur Wangel (Jacques Weber), Ellida (Anne Brochet), plus jeune que ce dernier, n’est pas heureuse dans son actuel mariage. Cette « dame de la mer », passionnée par cette mer scandinave dans laquelle elle aime nager pendant des heures, d’une véritable élégance sur le plateau (les costumes de Sonia Bosc font merveille) vit secrètement un véritable dilemme  entre un passé amoureux qui  la rattrape et un avenir conjugal tranquille mais ennuyeux.

Jacques Weber campe ce mari fou amoureux, prêt à laisser partir la femme qu’il aime pour savoir celle-ci enfin heureuse, avec la fougue que l’on connaît. Anne Brochet apporte le glamour, le mystère et l’émotion qui conviennent à son personnage.

Une proposition inaboutie

Malheureusement, la mise en scène de Jean-Romain Vesperini  est un peu morne, sans grande imagination. Elle hésite entre récit d’une épopée scandinave et drame conjugal intimiste. Une absence de parti pris qui rend l’ensemble comme la construction de ses décors, assez confus.

Il y a aussi dans le choix de la mise en scène des personnages quelque chose qui ne fonctionne pas car plusieurs genres semblent ici s’entremêler : le personnage de l’amant d’Ellida, ressemble à un fantôme inquiétant, tout droit sorti de Shakespeare ; à l’inverse, les personnages des filles de Wangel ou celui du jeune homme souffrant qu’elles éconduisent volontiers, sont interprétées en permanence sur un registre comique et « primesautier » qui finit par lasser.

C’est aussi ce décor un peu hybride qui interpelle : le décor de fond, représentant la plénitude et le mystère de cette mer ne fonctionne pas avec celui de l’avant-scène qui est censé représenter l’intérieur des Wangel et l’intimité du ménage. C’est à la fois un peu trop épuré et confus.

LA DAME DE LA MER d’Henrik Ibsen.
Mise en scène de Jean-Romain Vesperini.
Théâtre Montparnasse (01 43 22 77 30).
Durée : 1h30
Crédits photos: Laurencine Lot

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