Critique théâtre: Zelda et Scott

Au 25ème étage d’un hôtel chic new-yorkais, dans les années pailletées de 1920, il s’en passe des choses. Surtout quand il s’agit de la suite des Fitzgerald, Francis Scott, ce romancier qui a toute la littérature américaine à ses pieds et sa délicieuse dulcinée, la pétillante Zelda Sayre. Avec sur scène un couple de comédiens délicieux (Sara Giraudeau et Julien Boisselier), l’auteur et metteur en scène de Zelda et Scott, Renaud Meyer, nous entraîne dans un univers tant glamour qu’entêtant.

Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont riches, ils sont fraichement mariés. Ils vivent dans ces années 1920, vrombissantes, en permanence arrosées de champagne où tout est permis après ce traumatisme international qu’a causé le premier conflit mondial.

Ce couple mythique de la littérature américaine, c’est Zelda et « Scott » Fitzgerald. Entre eux, il y a l’imposant Ernest (Jean-Paul Bordes, épatant). Pas encore Hemingway. Embusqué. Grand ami du couple, il est en retrait dans cette première partie qui dépeint un début de relation amoureuse et conjugale idyllique.

Zelda, campée avec une véritable présence par Sara Giraudeau, n’est pas seulement la jeune épouse de Scott, mondaine et excentrique que l’on imagine, mais c’est surtout son rôle de muse qui nous est ici dévoilé.

L’hommage aux « maîtres » américains

Comme tout artiste brillant, Fitzgerald a créé sa muse avant de l’avoir rencontrée pour de vrai. Avec Zelda, c’est un type de personnage féminin qui n’a cessé d’hanter le romancier dans ses romans comme dans ses nombreuses nouvelles. Mais Zelda est aussi une femme intellectuelle exigeante. Vis-à-vis de son mari pour qui elle a sacrifié plusieurs carrières artistiques, plusieurs vies en somme, elle est constamment en attente du prochain chef-d’œuvre de Scott.

Construite en trois parties distinctes, Zelda et Scott nous plonge dans les coulisses de cette romance hors-norme et surtout de ce couple d’artistes pour qui la création et l’exigence restent les maîtres-mots. Malgré l’usure du temps, de l’alcool et de cette relation complexe qui s’est développée entre Fitzgerald et Hemingway, entre admiration mutuelle et pure jalousie.

Dotée d’un vrai orchestre de jazz, cette mise en scène soignée, met le paquet pour nous faire revivre ces années folles. Si la seconde partie, qui se joue sur la Côte d’Azur, est un peu moins riche dramatiquement, on est saisi par cette troisième partie très proche de cette folie sourde chère à Tennessee Williams.

L’occasion pour Sara Giraudeau d’incarner une Zelda haute en couleurs et pour l’auteur de rendre hommage à plusieurs « maîtres » de la littérature américaine de cette époque (F. S. Fitzgerald, E. Heminway, T. Williams), en créant  un lien fort, implicite, une forme d’héritage, relayé par ces trois romanciers de génie.

Zelda et Scott – L’Aventure des Fitzgerald
 
Ecrit et mis en scène par Renaud Meyer
Avec Sara Giraudeau, Julien Boisselier, Jean-Paul Bordes
Accompagné par Le Manhattan Jazz Band
Scénographie : Jean-Marc Stehlé, assisté de Catherine Rankl
Costumes : Dominique Borg
Lumières : Hervé Gary
Chorégraphies : Lionel Hoche
Arrangements musicaux : Xavier Bornens
Assistante à la mise en scène : Alison Lunier
Du mardi au samedi à 21h, matinée le samedi à 15h
Crédits photo: Laurencine Lot
 
Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009 Paris
Location : 01 48 74 76 99

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