Les Emotifs anonymes : à savourer immédiatement

Comédie poétique, burlesque, et tendre à la fois, Les Emotifs anonymes, sur fond de love story chocolatée, propose un couple de cinéma inattendu et pourtant diablement efficace. La pétillante Isabelle Carré donne ici la réplique à un Benoît Poolevorde émouvant et fantastique acrobate du rythme comique. Miam, miam !

Angélique Delange (Isabelle Carré) se rêve chocolatière mais est embauchée en tant que commerciale à La Fabrique de Chocolat, une petite chocolaterie belge en faillite. Son patron Jean-René (Benoît Poolevorde), émotif comme Angélique, tente de la séduire maladroitement, tandis qu’Angélique essaie de dompter sa terreur de la vente…

Dans une construction assez classique du genre de la comédie romantique, ce scénario insuffle un petit grain de folie et de poésie autour de l’écriture psychologique très originale de ces deux personnages principaux.Tous deux sont en effet construits de la même manière et se répondent en miroir: à l’incapacité de vivre une relation amoureuse chez Jean-René, correspond celle d’Angélique à la fois trop renfermée sur elle-même et trop enthousiaste quand elle tombe amoureuse.

Ainsi leurs nombreux affrontement oscillent toujours entre une grosse part de burlesque et de romantisme. Car malgré leur maladresse, tous deux conviennent assez vite qu’ils sont amoureux l’un de l’autre.

Le burlesque se décèle à la fois dans l’écriture des situations mais également dans celles des dialogues. Très souvent en effet les situations sont délicieusement décalées jouant avec les codes du genre: comme la séquence du recrutement d’Angélique où les deux héros sont tout aussi mal à l’aise de devoir jouer le rôle du recruteur comme celui du recruté.

Les scènes où Angélique reçoit les conseils des «émotifs anonymes » et celles où Jean-René reçoit les conseils de son psychologue se répondent bien sûr et servent à redynamiser l’intrigue. Dans les dialogues, le burlesque surgit dans le rythme très saccadé des répliques, avec la maladresse et la timidité maladive des héros qui les poussent à fuir les obstacles où à dire « oui » quand ils pensent « non ».


Une idylle chocolatée très enlevée

Ainsi les personnages font penser à ceux de Chaplin, toujours maladroits, mais toujours dynamiques, voulant faire bouger les choses: Jean-René voulant lutter contre sa peur des femmes et Angélique voulant reconquérir son statut de chocolatière, coûte que coûte.

Il faut dire aussi que le thème des « Emotifs anonymes » est une vraie trouvaille qui permet de raconter de manière comique toutes sortes de mini saynètes (cf. les séquences où Angélique se rend aux « Emotifs anonymes », et où chacun raconte ses « épreuves » de grands timides). Ce regard décalé permet de mettre en scène les petites absurdités de notre vie quotidienne.

L’intrigue en elle-même est un peu simpliste (une employée tombe amoureuse de son patron) mais c’est ici le ton et la forme poético-burlesque qui priment. On s’amuse des nombreuses contradictions dans lesquelles sont empêtrés les personnages.

Le fait que l’intrigue se déroule dans l’univers du chocolat est également très plaisant: on a ainsi l’occasion d’entrer dans une boutique qui crée du chocolat. Dans une scène assez longue où les deux héros créent leur nouvelle gamme de chocolats, le spectateur  est invité à un vrai atelier sensoriel. Le chocolat est justement cet aphrodisiaque et sa préparation apporte la sensualité que les personnages très timides ont du mal à exprimer.

C’est une scène également symbolique du point de vue romantique du film: le chocolat est la passion commune des deux héros et permet de les réunir à nouveau et de redynamiser leur idylle.

Les Emotifs Anonymes de Jean-Pierre Améris. Avec Isabelle Carré, Benoît Poolevorde.

Actuellement en salles.

N’hésitez pas à découvrir l’entretien du réalisateur accordé à Lauranie Nonotte, spécialiste du chocolat et fondatrice d’Esprit Chocolat qui permet aux comités d’entreprises et particuliers de déguster le chocolat et de découvrir toutes ses subtilités.

Crédits photos: Studiocanal.

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