Rencontre avec Arnaud Denis, comédien et metteur en scène

Avignon se prépare et ce même à Paris en cette journée ensoleillée de juin, à quelques semaines du festival n° 1 du théâtre en France. C’est à la Comédie Bastille qu’Arnaud Denis répète actuellement Le Misanthrope aux côtés d’Elodie Navarre, mise en scène par Michèle André et qui sera jouée au Théâtre Actuel lors du Festival d’Avignon OFF du 4 au 27 juillet prochain. Une belle occasion de rencontrer celui qui incarnera Alceste, après Michel Fau et Loïc Corbery, cette année.

Il fait beau à Paris depuis à peine quelques jours et on se pince encore pour y croire, à la vue de ce soleil annonciateur de l’été… et de ses festivals ! Celui d’Avignon est justement dans la lorgnette du comédien et metteur en scène Arnaud Denis, 31 ans.

C’est la première fois qu’en tant que comédien, il s’apprête à plonger dans le grand tourbillon avignonnais : « C’était tellement important pour moi en tant que comédien de venir jouer à Avignon que je ne voulais surtout pas le faire pour de mauvaises raisons. Il me fallait un beau projet comme Le Misanthrope pour investir les lieux, ce qui ne m’empêchera pas, bien au contraire de me nourrir d’autres spectacles en tant que spectateur. »

C’est bel et bien une litote que de dire qu’Arnaud Denis aime le théâtre. D’abord parce qu’il attrape le virus, jeune, à l’âge de quatorze ans : « Je suis au collège et je joue Mascarille dans Les Précieuses ridicules. Je me souviens de l’estrade dans ce gymnase, de la joie de porter un costume. Ma vocation date de là, et à vrai dire, je me sens bel et bien incapable de faire autre chose. » Il est amusant de constater combien même à ses débuts, Molière est là, comme une bonne étoile. « C’est vrai, dit-il en s’amusant de notre remarque, que Molière m’a toujours porté chance. Je reviens régulièrement vers Molière pour me nourrir. Et même comparé à Shakespeare qui propose selon moi un beau festin à travers son théâtre, celui de Molière s’apparente plus à de « la grande cuisine ». Les mets y sont particulièrement raffinés et par exemple dans Le Misanthrope, il n’y a pas une réplique à couper, selon moi. »

Comment a-t’il alors abordé Alceste ? – Déjà, je n’avais pas de parti pris sur le personnage. Comme Jouvet, je pense que l’acteur doit se soumettre à son personnage. Ce dernier se révèle à lui-même petit à petit. Mais il m’est difficile d’en parler tant cela se passe de façon instinctive. Alceste est comme un scorpion, il vit « la boule au ventre », jusqu’à provoquer la trahison. En cela le sous-titre « d’atrabilaire amoureux » de la pièce me semble important. Il a le sentiment de ne pas trouver sa place dans le monde. Il est un peu ridicule aussi. Mais il ne fallait pas non plus le rendre antipathique.

« Au fond, le personnage, c’est moi. »

Célimène est interprétée par Elodie Navarre dont Arnaud Denis ne tarit pas d’éloges car les répétitions viennent à peine de commencer mais l’entente et la complicité sont bel et bien au rendez-vous : « J’aime l’idée qu’Elodie joue une Célimène jeune et coquette de 20 ans mais qu’en même temps elle utilise toute sa maturité de comédienne pour montrer toutes les nuances de ce personnage haut en couleurs. »

Formé au cours Périmony, au cours de Jean-Laurent Cochet et au Conservatoire, Arnaud Denis a souvent mis en scène et joué Molière. Il dirige aussi sa propre troupe de théâtre depuis 2003 et au fond, un peu comme Sir Laurence Olivier, son modèle d’artiste, il considère l’art du théâtre comme « un art à multi-facettes où tout est imbriqué ».

Au fond, la mise en scène et le jeu, c’est un peu le même métier. « Il faut savoir être metteur en scène de soi-même. », confie Arnaud Denis, friand de sa cigarette électronique qui lui confère une allure de sage, à la manière d’un fumeur de pipe-philosophe, malgré son jeune âge et son enthousiasme palpable pour le théâtre. « Je me sens quand même plus comédien que metteur en scène. J’aime monter sur scène. » insiste Arnaud Denis.  

Comédien pour la télévision et le cinéma également (il a récemment joué dans Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert), Arnaud Denis s’intéresse aussi à l’écriture, et en particulier à l’écriture de nouvelles. Mais on n’en saura pas plus pour le moment car il est trop tôt pour en parler, nous explique en souriant l’intéressé.

Question ultime de notre entretien, existe-t’il au fond une technique particulière pour entrer dans la peau de son personnage ? – A chaque fois que j’interprète un personnage, je réinvente ma préparation, mon approche du personnage. Il n’y a donc pas de recette miracle, à proprement parler. En plus, je n’aime pas trop l’expression « entrer dans la peau du personnage ». Il me semble qu’il faut plutôt trouver à partir de soi-même plusieurs chemins pour accéder au personnage. Par exemple, avec Alceste, je trouve plusieurs échos en moi avec son caractère inquiet et possessif. Au fond, le personnage, c’est moi. Je n’entre pas dans sa peau mais je lui prête la mienne. »

Un grand merci à Arnaud Denis, Christophe Mangelle et Quentin Haessig pour ce bel entretien.

Le Misanthrope
Mise en scène de Michèle André
Avec Arnaud Denis, Elodie Navarre…
Représentation du 4 au 27 juillet tous les soirs à 22h30 au Théâtre Actuel
80, rue Guillaume Puy
84000 Avignon
Res : 04 90 82 04 02
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