Vienne, décembre 1791. Wolfgang Amadeus Mozart vient de mourir. Constance, sa veuve doit faire front. Seule et désargentée, il lui faut trouver le disciple capable de terminer le fameux Requiem. Franz-Xaver Süssmayr, qui ne la laisse pas indifférente, sera-t’il à la hauteur du Maître ? Bientôt reprise au Petit-Montparnasse, cette pièce se joue en ce moment au Théâtre Actuel d’Avignon, dans le cadre du Festival OFF.

La pièce d’Alain Teulié nous plonge dans l’intimité des premières heures d’après le décès de Mozart, vécues par sa jeune veuve Constance (Delphine Depardieu). Celle-ci, face aux sérieux problèmes d’argent laissés par son mari, demande à rencontrer l’un de ses fidèles copistes et amis, Franz-Xaver Süssmayr (Guillaume Marquet) afin de trouver le moyen de poursuivre le fameux Requiem laissé inachevé par Mozart.

La plume d’Alain Teulié imagine cette surprenante rencontre dans un espace scénique et temporel réduit, celui d’une nuit dans le salon des Mozart. La relation que le spectateur découvre entre Constance et Franz-Xaver est loin d’être simple. Sont-ils vraiment seulement des amis ? Ont-ils été amants ? Le souhaiteraient-ils au fond secrètement ?

Un propos mal assumé malgré la belle facture de l’ensemble

Les rebondissements psychologiques sont ici nombreux mais le rythme pêche un peu. Si le personnage de Constance apparaît souvent un peu trop froid et manipulateur, celui de Franz-Xaver, remarquablement interprété par Guillaume Marquet, révèle par petites touches toute la sensibilité et toute l’originalité de ce personnage vivant dans l’ombre de Mozart, tiraillé entre son immense respect pour le Maître et son secret amour pour son épouse Constance.

La mise en scène de Raphaëlle Cambray, très sobre mais efficace, sait raconter cette intimité, ces éclats de voix et ces nombreux moments de complicité, tout en révélant aussi les non-dits de cette secrète relation… Il faut signaler aussi l’élégance des décors et des costumes qui encadrent l’histoire avec beaucoup de réalisme.

Mais au fond, le reproche que l’on peut faire ici à la pièce est de ne pas aller jusqu’au bout de ce qu’elle souhaite « révéler » au public, à savoir la liaison amoureuse secrète entre Constance et Franz-Xaver. Le dénouement à ce sujet, se drape dans trop de pudeur, comme si l’auteur n’assumait pas son « scoop » sur Mozart… Dommage.