Critique théâtre: Le plus heureux des trois

Tromperie et perpétuelle cocasserie font bon ménage chez Eugène Labiche, ici secondé par Edmond Gondinet. Dans Le Plus Heureux des Trois, la femme et l’amant trompent le mari, cela va sans dire. Mais le mari trompe lui-même sa femme, à l’instar de l’oncle de l’amant auprès de la première épouse du mari !.. La mise en scène brillante de Didier Long épouse parfaitement ce rire constamment inventif voire délirant par certains moments.

Chez Labiche, comme dans les comédies de Feydeau et de Courteline, il est question du mari, de la femme et de l’amant. Mais ici, les codes du genre de la comédie de boulevard, littéralement explosent.

Tout le monde se trompe mutuellement dans une rare dynamique comique et avec la crainte constante d’être un jour démasqué. Et pour pimenter le tout, Labiche introduit de bien curieux domestiques, d’une origine alsacienne complètement délirante. Mention spéciale à Arnaud Gidoin dont la « danse du hanneton » est un moment de comédie d’anthologie.

Didier Long apporte ici toute sa science de metteur en scène pour montrer les rouages de cette comédie bien huilée mais qui ne professe que le décalage, tout en ne tolèrant aucun couac, aucune erreur de timing.

Ainsi, en plus de diriger des comédiens virtuoses dans le décalage comique constant, Didier Long choisit d’encadrer son intrigue dans des décors très ingénieux : à la fois classiques, élégants mais qui permettent aussi d’illustrer concrètement les stratagèmes de tromperie auxquels tout ce joyeux petit monde est habitué depuis bien des années.

Un bien délicieux Labiche

Les personnages sont saisissant de drôlerie pour plusieurs raisons. En premier lieu, parce qu’ils sont comiques dans leur singularité et conservent jusqu’au bout une certaine forme de logique dans leurs réactions comiques. On rit ainsi constamment de leurs apartés, de la prévisibilité de leurs répliques souvent réglées comme une horloge. Quand petit à petit, chacun avec ses tics et ses frayeurs, se retrouve à discourir avec les autres, le comique s’en retrouve décuplé.

Le public, constamment complice, du fait des nombreux apartés, s’amuse de ces répliques qui fusent autant que de la cocasserie des situations. Arthur Jugnot, Jean Benguigui et Constance Dollé forment ce trio de comédie de boulevard jouissif et dont on ne sait au final, vraiment, qui est le plus heureux des trois ; côté personnages secondaires, Henri Courseaux et Marc Gidoin incarnent avec soin des personnages tout autant délirants.

Sur les planches du théâtre Hébertôt, c’est un vrai moment de théâtre et d’humour qui est savamment mis en scène et qui nous procure de véritables moments de fous rires. A ne surtout pas bouder !

Le Plus heureux des Trois
 
D’Eugène Labiche et Edmond Gondinet
Mise en scène de Didier Long
Assisté de Séverine Vincent
Avec Arthur Jugnot, Constance Dollé, Jean Benguigui, Henri Courseaux, Arnaud Gidouin, Roxanne Roux, Rachel Pignot, Séverine Vincent.
 
Du mardi au samedi à 21h
Matinées le samedi à 17h30, le dimanche à 16h
 
Théâtre Hébertot
Res: 01 43 87 23 23
78 bis, rue des Batignolles
75017 Paris
Métro: Rome

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