Festival de Deauville 2010 : Le Petit Miracle d’Abel (2)

Mais alors que nous étions sur le point de peaufiner notre soirée de suicide collectif dans un festival transformé en no man’s land, est arrivé sur les écrans deauvillais un pur petit bijou américano-mexicain, produit par John Malkovich himself, Abel, premier long métrage de l’acteur Diego Luna (Y tu mama tambien, Milk, Rudo y Cursi) .

Cette fois-ci, c’était nous, les journalistes, qui avions envie de pleurer: un vrai bon film c’était encore possible malgré la crise, la disparition des stars, et le danger incessant que représentait le public choucrouté et blanchi de Deauville, (prête à tuer, la Mamie Nova de Deauville, pour avoir ses invits le soir-même, la peur au ventre… alors que la salle n’était jamais entièrement remplie!).

Abel donc, avec la touchante présentation de son réalisateur, Diego Luna invitant les éventuels spectateurs récalcitrants à la sortie du film, rien que par sympathie pour lui, à ne pas mentionner le film qu’ils venaient de voir.

Cette histoire de gamin rentrant chez lui après deux ans d’absence et prenant par la force le rôle du père (alors absent) au sein de sa famille (aux yeux écarquillés) est une réécriture osée d’Hamlet où le rire côtoie les larmes et où le burlesque et la fantaisie sont savamment distillés.

 » I ♥ ma famille »

Une vraie interrogation aussi sur les liens familiaux (en les inversant ici à loisir), la nécessité de vivre au sein d’une famille, quitte à s’en recréer une, coûte que coûte. Le film propose aussi sur la forme, un univers bien étrange, décalé, avec cette vision du monde filmée à la hauteur de ce héros tragique de neuf ans.

Un sujet que son auteur nous avouait purement autobiographique « mais d’une autre façon, je l’espère », reconnaissant que ce film était avant tout un hommage à sa mère, disparue quand il n’avait que deux ans.

Et la grande famille du cinéma dans tout ça ? Elle est peut-être en crise cette année à Deauville mais une chose est sûre avec Abel, pépite 100% américaine (elle a été produite par l’Amérique du Nord et du Sud réunies) la relève est quand même assurée… On pousse un grand OUF!…

Crédits photos: Mireille Ampilhac.

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