Cinéma : Sur la route de Walter Salles

C’est Walter Salles, le brillant réalisateur brésilien de Carnets de Voyages et Central do Brasil qui a osé se frotter au roman symbole de la Beat Generation, On the Road de Jack Kerouac (1957). Un challenge qu’il a su relever après plusieurs années de recherches et de discussions avec les proches de Kerouac. Les images de ce road movie américain n’en ressortent que plus intenses du fait que le réalisateur lui-même, partage avec Kerouac cette même fascination pour le voyage.

« Sur la route est un travail d’équipe », précisait Salles en interview. Les comédiens ont participé à ce travail de recherche commune sur l’oeuvre et les personnages écrits par Kerouac. Viggo Mortensen  s’est ainsi investi pleinement dans son approche de Burroughs (allant même jusqu’à lire ce que ce dernier lisait pour se rapprocher de ses pensées les plus secrètes). Sam Riley (qui incarne le narrateur du film) était soucieux de jouer en retenue cette figure d’écrivain mythique. Kirsten Stewart a su, quant à elle, incarner « Marylou », cette jeune femme proche de l’univers de Tennessee Williams, Baby Doll, romantico-enflammée. Garrett Hedlund compose un Dean Moriarty très juste, enfermé dans son mal-être permanent et dont le sexe et l’alcool semblent les seuls recours possibles pour survivre.

Les images de ce road-movie dans l’Amérique profonde des années 50 sont particulièrement léchées. La forte poésie de ce film vient aussi de cela car au fond, la voix-off n’est pas si envahissante. Preuve que walter Salles s’est bel et bien réapproprié l’oeuvre de Kerouac, en composant un rythme intrinsèque au récit, par petites touches. A la manière d’un peintre impressionniste.

Sur la route de Kerouac, dans cette Amérique profonde, Walter Salles le Brésilien, a su recréer avec force cette Amérique marginale et libre. Après Carnets de voyages, Sur la route est cette nouvelle ode à la rencontre de l’autre et au passage de l’adolescence à l’âge adulte.

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