Critique cinéma: Le combat ordinaire

Quand j’ai vu la bande-annonce du film, il y a quelques semaines, j’ai eu peur d’un film d’auteur franchouillard un peu prétentieux, joli mais un peu creux, et j’avoue, que c’est mon âme de « midinette duvauchellienne » qui m’a poussée à aller voir le film malgré tout. Bien m’en a pris.

Oh oui, bien m’en a pris car le film de Laurent Tuel est une perle cinématographique de tous les instants. Ce qui m’a frappé d’abord, c’est le travail de la photographie et du cadrage qui colle à l’émotion de ce que ressent le personnage. C’est la force du cinéma que de s’affranchir des dialogues tout en racontant quelque chose à travers des paysages et des « gueules ».

C’est horrible, en plus, de le souligner dans un papier de blog ainsi, mais la cinégénie de Duvauchelle n’est franchement pas dégueulasse à regarder sur grand écran. Mais il ne faut pas réduire son magnifique travail de comédien à cela.

Adapté de la célèbre BD de Manu Larcenet, le film regroupe 4 tomes de la série, soit 3 ans de la vie de Marco, ce jeune photographe, sensible et angoissé, qui tente de faire taire ses vieux démons et profiter de la vie comme elle vient. Une vraie remise en question de soi qui pour les braves trentenaires que nous sommes, nous touche assez, au fond.

Un objet poétique fort

Marco vit essentiellement dans un milieu rural, entre la vieille maison qu’il s’est achetée dans le Périgord et celle de ses parents, à qui il vient rendre visite régulièrement en Bretagne.

Les racines familiales (notamment le milieu ouvrier dans un port breton où son père a passé plus de 40 ans de sa vie) vont inspirer Marco dans son travail. Il se montre ainsi plus à l’écoute de son entourage (ses parents), rencontre une jeune femme qui l’éblouit (lumineuse Maud Wyler).

Il y a aussi ce voisin étrangement sympathique (André Wilms) qui va révéler certaines choses étonnantes à Marco.

Au cœur de ce film se pose la question de la filiation et du désir de paternité. Elle est aussi lancinante que les moments d’angoisse qui viennent étreindre le héros régulièrement dans le film.

Laurent Tuel crée une atmosphère de film assez unique : comme son personnage, il s’inspire de lieux « vrais » et de ses comédiens (pour la plupart amateurs car il s’agit de vrais ouvriers de la région bretonne filmée) pour nous proposer un objet poétique fort.

A ne surtout pas manquer.

Le Combat ordinaire
De Laurent Tuel
Avec Nicolas Duvauchelle, Maud Wyler, André Wilms,…
Actuellement en salles

One Comment

  • Christine Druesne

    Nicolas Duvauchelle dans ce combat ordinaire ressemble étrangement à Patrick Dewaere..comme habité.

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