Critique théâtre: La Chatte sur un toit brûlant

D’abord il y a cette cour immense du château et sa magnifique façade Renaissance pour décor. A Grignan, cette année, durant tout l’été, pour célébrer la nouvelle édition de ses « Nuits Nocturnes », le château abrite un spectacle moins classique que de coûtume. Il s’agit de La Chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams, immortalisé à l’écran par Paul Newman et Elizabeth Taylor.

C’est une très belle mise en scène que signe ici Claudia Stavisky, autour de cette pièce emblématique du théâtre de Tennessee Williams : une écriture psychologique complexe, et une tension dramatique qui va crescendo chez cette famille américaine peu sympathique mais attachante car engluée dans des problématiques universelles (maladie, mort annoncée, héritage, manigances, jalousie, secrets de famille qui éclatent, etc).

Dans le premier acte, Maggie tente de tenir la dragée haute à son Brick de mari qui semble depuis bien longtemps avoir perdu la foi en son couple. Traînant avec lui une récente patte cassée, ce commentateur sportif en peignoir de bain (ex-champion de football américain), se noie littéralement dans l’alcool, refusant d’écouter un traître mot venant de sa femme ; cette dernière tentant pourtant dans un monologue célèbre de lui rappeler le poids étouffant de sa famille, sur le point de célébrer l’anniversaire de Grand-Papa Pollitt.

Laure Marsac qui interprète Maggie est particulièrement convaincante dans ce premier acte. Interviennent alors Grand-Papa Pollitt (génial Alain Pralon), Grand-Maman Pollitt (brillante Christiane Cohendy), Mae (remarquable Clothilde Mollet), venus célébrer l’anniversaire de Grand-Papa Pollitt.

Un discours universel et pourtant plein de nuances

Bien sûr, le régal de ce genre d’intrigue familiale réside dans tous ses non-dits qui viennent à éclater, à l’image de ce splendide feu d’artifices. Il faut dire que si ces personnages nous touchent autant, c’est que Tennessee Williams a sû capter autant l’hypocrisie que l’émotion éprouvés par ces personnages, bringuebalés par les révélations.

Les décors conçus pour l’occasion sont très ingénieux : ils mettent en scène en premier plan l’intérieur de la maison, et symboliquement l’intimité mise à nu de cette famille, et en second plan l’extérieur, ce qui permet d’indiquer une distance voulue entre le couple de Maggie/Brick et le reste de la famille.

Parmi les réserves que nous pourrions avoir, le personnage de Brick a tendance à se tenir un peu trop éloigné de l’action principale.

Il n’en reste pas moins que l’ensemble est ici parfaitement mis en espace et interprété. Mention spéciale à Christiane Cohendy qui nous bouleverse dans son rôle de mère et de grand-mère abusive autant que dans son rôle d’épouse meurtrie.

La Chatte sur un toit brûlant, Les Fêtes Nocturnes du Château de Grignan, du 29 juin au 24 août 2013.Réservation : 04 75 91 83 65

 

Reprise de la pièce à partir du 19 septembre aux Célestins, Théâtre de Lyon.

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