Recette pour une Brit’ Rom’ Com’ réussie 2/3

RECETTE N° 3: DU DRAME, TU N’OUBLIERAS PAS ! Comme dans toute comédie romantique, l’élément dramatique est au cœur de l’écriture de la romance et bien sûr, chez Richard Curtis, cette règle importante est suivie à la lettre. Ainsi le drame a sa place dès le titre: Quatre Mariages et un enterrement.  

S’interroger sur l’élément dramatique dans les comédies romantiques de Richard Curtis revient finalement à mettre en évidence la véritable dynamique de ces films, qui est basée sur les obstacles. Ceux-ci prennent alors souvent plusieurs formes différentes : les obstacles d’ordre social, sentimental, subjectif. Il faut remarquer que, contrairement à la tradition du genre de la comédie romantique américaine, l’obstacle d’ordre familial n’est pas présent dans la comédie romantique de Richard Curtis.

L’obstacle social est bien sûr au cœur du genre de la comédie romantique : ainsi tout oppose le turbulent Charles (Hugh Grant) à la mystérieuse et exotique Carrie (Andie Mac Dowell) dans Quatre Mariages et un enterrement. Et le fossé va se creuser plus profondément entre la figure du berger des contes de fées (le libraire William Thacker incarné par Hugh Grant) et celle de la princesse (ici, Julia Roberts dans le rôle pratiquement autobiographique de l’immense star de cinéma Anna Scott). Dans le Journal de Bridget Jones, la différence de milieu social des deux héros est clairement montrée lors des scènes de réceptions organisées par les parents des héros respectifs. Et dans Love actually qui met en scène dix histoires d’amour différentes, on retrouve souvent cet obstacle d’ordre social comme l’illustre la relation qui s’établit entre le Premier Ministre anglais (Hugh Grant revisitant Tony Blair) et son intendante (Martine Mc Cutcheon).

L’obstacle d’ordre sentimental concerne surtout la question de la rivalité et de la trahison…Mais ce qui finalement permet de surmonter cet obstacle sentimental (l’obstacle le plus important dans le genre de la comédie romantique), c’est l’intervention de la personne aimée, sous forme de « deus ex machina » qui sauve la romance du film. Cette intervention in extremis de l’être aimé (Carrie, Anna, Mark)  permet de remettre à égalité la relation entre le héros et l’héroïne, qui est au cœur du genre de la comédie romantique.


 Le drame va sublimer le sentiment amoureux

Enfin, l’obstacle d’ordre « subjectif » englobe les erreurs de jugement du héros et de l’héroïne. Contrairement aux deux autres formes d’obstacles étudiés, c’est un obstacle par définition interne à la psychologie du héros et de l’héroïne. Cette forme d’obstacle est véritablement au cœur des comédies romantiques de Richard Curtis, que nous pourrions aussi intituler « comédie de l’erreur ». Il représente en cela le dernier rebondissement avant la réunion finale du couple romantique. Ainsi dans Quatre Mariages…, Charles prend la mauvaise décision d’épouser Henrietta, dans Coup de foudre à Notting Hill, William se trompe en refusant la déclaration d’amour d’Anna et Bridget, après la scène de duel entre Daniel et Mark, choisit de ne plus voir ce dernier, et le Premier Ministre de Love actually décide de renvoyer son intendante.

La place de l’erreur dans l’intrigue implique une attention particulière à la logique du récit et à la crédibilité de l’évolution psychologique du héros qui va prendre la mauvaise décision. Triomphant de tous ces obstacles, l’Amour est ainsi sublimé. Lors de la conférence de presse de Love actually, Hugh Grant proposait avec humour une certaine définition de l’intrigue romantique à l’anglaise similaire à celle des films de Richard Curtis : « Je crois qu’aimer quelqu’un c’est l’aimer malgré tout, envers et contre tout, c’est une forme d’amour aveugle inconditionnel, un petit peu comme l’amour que Tony Blair et Bush se portent. C’est la forme la plus pure de l’amour britannique en ce moment… »