Théâtre : On ne badine pas avec l’amour

Sur la scène du Théâtre Ephémère se joue en ce moment une pièce de Musset dont la tension dramatique est proche de celle de l’oeuvre de Tennessee Williams. Etrange alchimie de théâtre qui fonctionne magistralement avec cette éclairage des années 50 et la prestation très « Actor Studio » de la troupe et en particulier celle de l’interprète de Perdican, Loïc Corbery.

Dès les premières minutes, la mise en scène d’Yves Beaunesne instaure un climat particulier, propice à la tension. Dans On ne badine pas avec l’amour, Musset s’amusait à brouiller les pistes de la comédie et du drame mais peut-être pas de cette façon, dès le début de la pièce. Le choix de cette accompagnement musical y est pour beaucoup : il sera repris plus tard pour accompagner la romance de Camille et Perdican.

Il y a aussi une dimension très cinématographique dans cette reconstitution des années 50, avec une attention apportée au moindre accessoire mais aussi à la durée et au mouvement de chaque scène. On a ainsi l’impression d’assister parfois à des élans vifs (ce sont ceux de Perdican pour Camille) ou à des formes de ralentis.

Mais cette interprétation de l’oeuvre de Musset reste avant tout une œuvre théâtrale avec la constitution de tableaux, la prestation comique réjouissante de certains comédiens et les codes respectés de ce « spectacle dans un fauteuil ».

Perdican, cet autre James Dean

Parce que le texte n’a pas pris une ride, Yves Beaunesne s’amuse à créer un univers de tragi-comédie proche de celui de Tennessee Williams. Il n’est pas étonnant dans cette réinterprétation que son comédien principal, Loïc Corbery interprète très physiquement son personnage.

C’est un jeu épuisant auquel se livre ce comédien au look résolument décontracté et au charisme évident. James Dean semble s’entretenir avec Perdican alors que Musset ironise avec Tennessee Williams.

Il ne faudrait pas oublier d’évoquer la présence surprenante de l’interprète de Camille, Marion Malenfant, récemment accueillie par la troupe et qui interprète cette jeune femme si fragile en apparence et à la volonté pourtant implacable.

Autour de ce couple réinventé, il y a Dame Pluche (Danièle Lebrun réjouissante), le Baron (Roland Bertin), Maître Bridaine (Pierre Vial), Maître Blazius (Christian Blanc) et Rosette (pétillante Françoise Gillard) qui viennent chacun apporter leur pierre joyeuse à l’édifice.

On ne badine pas avec l’amour, dans ce « théâtre éphémère » à l’odeur de bois diffuse, réinvente la romance chère à Musset, en lui conférant une tonalité inédite, audacieuse, le tout servi par une troupe au meilleur de sa forme.

 

ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR

Du 9 mai au 17 juin 2012

Durée : 1h50

 Mise en scène : Yves Beaunesne

Avec Roland Bertin, Pierre Vial, Christian Blanc, Françoise Gillard, Loïc Corbery, Danièle Lebrun, Marion Malenfant.

 Théâtre Ephémère (Comédie Française)

Jardin du Palais Royal

75001 Paris

Plus d’infos pratiques sur la pièce : http://www.comedie-francaise.fr/

Crédits Photos: © Cosimo Mirco Magliocca, Françoise Gillard et Loïc Corbery

 

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