Jérémy Lopez : « Se libérer des codes »

Entré à la Comédie-Française en tant que pensionnaire en 2010 et nommé 532è sociétaire en janvier 2017, Jérémy Lopez est un passionné : théâtre, musique, foot… Rencontré par hasard l’hiver dernier dans une librairie, nous nous étions promis cet entretien. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage… Je sonnais donc à la porte de l’entrée des artistes du Français en juillet dernier…

Dans cette dernière partie de saison, comment t’organises-tu pour jouer ces différents spectacles en alternance ?

En ce moment, je répète presque tous les jours La Puce à l’oreille que je jouerai à la mi-septembre. C’est agréable de répéter une pièce en fin de saison, en ayant en tête qu’on a tout le mois d’août pour se reposer et laisser décanter les choses. On ne pense pas pour l’instant au résultat. On n’a pas l’objectif de la première. On a un grand espace libre et on travaille ainsi dans la détente.

Et le soir, je joue en ce moment La vie de Galilée ; Ce sont deux univers complètement différents et je trouve ça plutôt léger.

Quel personnage joues-tu dans la pièce et comment décrirais-tu le travail de mise en scène de Lilo Baur ? Quelle est son intention première ?

Je joue HOMENIDES DE HISTANGUA.  Un espagnol fou de jalousie et victime de quiproquos, comme toujours chez Feydeau.

Lilo Baur, que je découvre, est très joyeuse. Et le travail est toujours réalisé dans la bonne humeur et légèreté avec elle. Le travail est ludique. Son intention première est je crois, de chercher le rythme, la folie, la liberté des acteurs. En tentant d’éviter de tomber dans la précipitation et le trop plein d’énergie. Maîtriser les choses pour ne pas se précipiter. La première étape est de parcourir entièrement la pièce. Avoir une structure. Puis viendra l’étape de la précision et du petit détail.

Et sur la saison 18-19 qui est passée, tu as bossé sur plusieurs pièces en même temps…

Oui, ça a été une année un peu étrange puisque pour des raisons personnelles, j’ai dû prendre un congé pendant plusieurs mois et j’ai commencé ainsi la saison en janvier avec Lucrèce Borgia que j’avais déjà joué en tournée. Depuis janvier, j’ai participé à beaucoup de projets : j’ai joué Lucrèce Borgia en alternance jusqu’en mars dernier et dès la fin janvier je commençais à répéter Mastorna au Vieux Co’. Quand je jouais le soir Mastorna, je répétais le Brecht dans la journée.

Mais ce qui est bien dans La Vie de Galilée avec le personnage du moine, c’est qu’il n’est pas présent dans toutes les scènes. Il y avait des jours où je ne venais pas jouer et je pouvais laisser ça décanter.

Roméo et Juliette - Jérémy Lopez et Suliane Brahim - Copyrights : Vincent Pontet - Coll. Comédie-Française

Roméo et Juliette – Jérémy Lopez et Suliane Brahim – Copyrights : Vincent Pontet – Coll. Comédie-Française

Comment décrirais-tu le travail d’Éric Ruf en tant que metteur en scène, toi qui le connais si bien ? 

C’est quelqu’un qui n’est pas qu’un metteur en scène donc il a plusieurs méthodes pour diriger, conscientes ou pas. Dans sa direction d’acteurs, il dirige par le texte. Par la scénographie, il dirige d’une façon plus inconsciente, plus étouffée, je dirai, moins expliquée par les mots.

Tous ces bras d’homme de théâtre qu’il a, enrichissent le travail global et tout finit par s’imbriquer au mieux. J’ai connu Eric comme metteur en scène et acteur de la troupe puis je l’ai connu metteur en scène et administrateur et enfin, je l’ai connu comme metteur en scène-administrateur avec cinq ans d’administration derrière lui.

On vit des aventures différentes, même si la famille est la même et qu’on se connaît. On sent l’évolution dans son travail.

Lors de la préparation de ton personnage, est-ce qu’il y a une note globale qu’Éric Ruf va te donner au début ou il te laisse creuser toi-même ?

Pour le petit moine, ça s’est fait très simplement. Par exemple pour la grande scène du moine où il parle de ses parents à Galilée, lors de la première répète à trois, (Eric, Hervé et moi), il y a eu beaucoup d’indications de sens et j’ai eu l’impression, sans aucune prétention, qu’on avait trouvé le chemin de la scène dès la première séance. Quand je dis chemin, c’est là où il faudra aller dans cette scène sur le Sens  et ce que le petit moine voulait  raconter.

On se connaissait tellement bien qu’on arrivait à se comprendre avec un langage commun.

Par rapport à Roméo, j’imagine que le processus a été différent…

Oui, c’est différent parce que dans Roméo et Juliette les répéts’ étaient beaucoup plus denses et nombreuses. Bien avant les répéts’, il m’a expliqué précisément pourquoi il voulait que je joue Romeo et que c’était impossible de le faire jouer par quelqu’un d’autre.  Je lui ai dit aussi pourquoi je lui disais oui. (Rires)

Et pourquoi justement, c’était impossible de le faire jouer par quelqu’un d’autre que toi ?

Pour Roméo, il m’avait dit que 15 ou 20 ans plus tôt, c’est lui qui l’aurait joué ici et qu’il l’aurait joué beaucoup moins bien, pour les mauvaises raisons. Cela m’a touché. Il m’a dit qu’il en aurait fait un romantique et qu’il l’aurait joué comme un jeune premier fiévreux, poli, sage et beau et que ce n’était pas ça Roméo. Il fallait se battre pour jouer Roméo ! Et avec moi, il avait envie de se battre pour casser le cliché que tous les gens avaient de ce personnage. Cela m’a intéressé de faire quelque chose de casse-gueule et de risqué. Il en parlait si bien, avec tellement d’amour. Il était passionnant et je trouvais ça très beau parce que je trouvais très humble ce qu’il disait. C’était évidemment faux parce que c’est un grand acteur mais j’arrivais à comprendre ce qu’il voulait dire tout de suite avant de venir aux répétitions.

« Je tends vers un idéal, ce truc naïf d’être le plus honnête possible avec les gens mais aussi avec soi-même. »

Comment s’est passée la première de La Vie de Galilée, comment l’as-tu ressentie ?

Très sereinement, je n’ai pas eu de trac. Peut-être que ça fait partie du fait que la partition est plus petite ou parce que les choses se sont faites de manière simple et douce : il n’y a pas eu du tout de douleur, je savais ce que je devais raconter donc ça me paraissait clair.

Tu peux être un peu « traqueux » sur d’autres spectacles ?

Ça m’est arrivé, beaucoup plus au début de ma carrière. J’en ai un peu encore parfois mais c’est du bon trac, je crois. Je n’ai plus peur parce qu’en fait j’ai appris une chose ici à force de jouer : je n’ai rien à prouver ! Je n’ai pas besoin qu’on m’aime. Je préfère qu’on aime l’histoire racontée. On monte sur scène simplement pour raconter une histoire à des gens avec nos camarades de jeux.

Ça paraît un peu dingue d’entendre ça puisque on associe toujours le comédien justement à cette idée d’ego, autocentré…

Je pense en effet qu’un acteur a un ego développé et moi sûrement le premier (rires). Le comédien a un besoin vital d’être aimé mais en même temps, pour ma part, je tends vers un idéal, ce truc naïf d’être le plus honnête possible avec les gens mais aussi avec soi-même.

Troïlus et Cressida - Jérémy Lopez, Sébastien Pouderoux, Loïc Corbery, Laurent Cogez - Copyrights : Christophe Raynaud de Lage - Coll. Comédie-Française

Troïlus et Cressida – Jérémy Lopez, Sébastien Pouderoux, Loïc Corbery, Laurent Cogez – Copyrights : Christophe Raynaud de Lage – Coll. Comédie-Française

Est-ce qu’on peut revenir sur le principe du sociétariat, comment le vis-tu ? 

Au début, c’est une source d’angoisse puisque c’est un engagement plus profond que celui d’être pensionnaire. À partir du moment où l’on devient sociétaire, on ne peut pas partir comme on veut et on ne peut pas être non plus licencié facilement. Cela signifie s’inscrire un peu plus dans cette maison, avoir plus de responsabilités. Et c’est surtout recevoir la reconnaissance ses pairs. C’est important la reconnaissance en interne dans le travail. Je ne parle pas par rapport à la Comédie-Française mais par rapport à la troupe. Une main tendue de sa part comme si elle te demandait de l’aide, comme si tu pouvais aussi apporter quelque chose à la société.

C’est comprendre aussi que la Comédie-Française est une maison extrêmement fragile paradoxalement. De l’extérieur on ne se rend pas compte mais c’est une maison qui vit bizarrement sur un fil tout le temps et qu’il faut chérir, protéger et se battre pour elle.

Enfin, la Comédie-Française, c’est un lieu de passage, malgré tout, et ça doit le rester. Pour vivre sainement, en tant qu’acteur dans cette maison et pour la respecter au mieux. Mais le temps où tu y es, il faut s’investir et aimer au mieux les gens, les choses, être exigeant, humble…

Il y a aussi au Français en particulier cette idée de famille, de vivre, de travailler en famille… Est-ce vrai, n’est-ce pas trop angoissant au quotidien ?

On est soixante comédiens mais on ne fait pas tous les jours un spectacle à soixante ! (Rires) Mais c’est bien ainsi puisqu’en fait, chaque spectacle est une nouvelle histoire, une mini-troupe dans la troupe, c’est assez sain. Et souvent, je peux faire un spectacle en début d’année avec deux acteurs que je retrouve en fin d’année, sur un autre spectacle et je vais les découvrir différemment. En bref, il n’y a jamais d’épuisement ou de lassitude.

Après je ne te dis pas qu’on s’adore tous en tant qu’acteurs. Certains me touchent plus que d’autres.

Mais je trouve qu’il y a un respect énorme entre nous et une admiration commune. Parce qu’on n’est pas tout le temps ensemble. Sur Galilée, par exemple, je joue avec Guillaume Gallienne. Depuis que je suis au Français, je n’avais jamais fait de projets avec lui et là, c’est comme si je découvrais Guillaume maintenant ! On se marre beaucoup ensemble, on discute…

Avec Denis Podalydès, je n’ai jamais fait de création avec lui donc quand on se voit, on ne parle pas forcément de théâtre, on parle de foot. Tu vois, c’est étrange. Il y a d’autres acteurs avec qui on est proches parce qu’on a beaucoup joué ensemble. C’est un endroit en mouvement permanent.

« Je pense que c’est une force aussi de ne pas avoir de codes sur ce que doit être un acteur ou un artiste. »

En dehors de la Comédie Française, est-ce que tu arrives à te dégager du temps pour d’autres projets ?

C’est compliqué mais il y a cinq ans, juste avant la prise de fonction d’Éric, j’avais envie de jouer avec d’autres gens. J’ai demandé un congé de sept mois qu’on m’a accordé et où j’ai joué Scapin en tournée avec Laurent Brethome : j’ai joué notamment à Lyon où c’était important pour moi.

Il y a des acteurs ici qui arrivent à goupiller théâtre et cinéma mais ça tient au hasard du calendrier…

La dernière, j’ai tourné tout le mois d’août, un rôle assez important (un film d’Éric Besnard, L’Esprit de famille qui sortira le 22 janvier 2020) et qui est présenté cette année au Festival du Film d’Angoulême avec François Berléand, Guillaume de Tonquédec, Josiane Balasko, Isabelle Carré, Marie-Julie Baup

Il faut se battre avec les emplois du temps en sachant que quand même la priorité, c’est la Comédie Française. La maison-mère, c’est la Comédie-Française. Il faut demander l’autorisation, c’est normal, c’est notre maison.

C’est important de faire des choses dehors pour revenir enrichi de l’extérieur et savourer la chance qu’on a d’être là. Retrouver la folie, l’ivresse du jeu, enchaîner les choses, ne pas avoir le temps de réfléchir.

Jérémy Lopez - La Règle du Jeu - Copyrights : Christophe Raynaud de Lage - Coll. Comédie-Française

Jérémy Lopez – La Règle du Jeu – Copyrights : Christophe Raynaud de Lage – Coll. Comédie-Française

Le métier de comédien, c’était quelque chose dont tu rêvais ?

Non, je n’en rêvais pas tout petit. Je crois que tout petit, j’ai rêvé surtout d’être aimé. J’ai l’impression que ce sont des choses qui définissent beaucoup d’acteurs. Ce besoin d’être reconnu, de me sentir utile. Et c’est pour ça que souvent il y a des acteurs, je suis un cliché, qui n’ont pas eu de père, qui n’ont pas été reconnus… Parce qu’il y a toujours là-dessous une question de reconnaissance.

Comment t’est venue l’idée de pousser la porte d’un théâtre ?

En fait, c’est venu très tard. Avant mon bac, j’avais 18 ans et demi. J’ai dit à ma mère que j’avais envie d’être acteur de cinéma parce que je venais d’un endroit où je n’allais pas au théâtre. Je ne savais pas qu’il fallait faire du théâtre pour être acteur.

Je n’avais pas la connaissance des écoles, des conservatoires, des pièces de théâtre… Et en fait, ma mère a vu une petite annonce pour suivre des cours de théâtre et j’ai commencé comme ça.

Cela a pris du temps pour comprendre qu’il fallait que j’utilise ma fragilité et ma sensibilité pour mon métier et qu’il n’y avait pas de différence entre ma sensibilité et l’art. Il m’a fallu plusieurs mois pour le comprendre mais quand je l’ai compris, ça s’est passé plutôt rapidement.

Ça m’a fait du bien parce que ça m’a calmé. Je me suis senti un peu plus utile, un peu plus respecté par la société ou en tous cas, j’ai vu des gens qui ne me regardaient pas comme un énergumène.

Ta famille n’était pas artiste ?

Pas du tout. J’ai grandi à Lyon, en banlieue. Ma mère écoutait beaucoup de musique, ce qui fait que ça m’a ouvert aussi à ça petit. Ce qui fait que j’ai une culture musicale sur-développée. J’ai toujours rêvé gamin de chanter… J’ai été élevé avec un petit frère. On n’a pas vraiment été élevé dans la culture mais je pense que c’est une force aussi de ne pas avoir de codes sur ce que doit être un acteur ou un artiste.

« La beauté sera convulsive ou ne sera pas ».

Est-ce qu’on peut évoquer dans ton parcours quelques rencontres marquantes ?

Au tout début, quand j’étais au cours du soir dans cette une école privée à Lyon qui n’existe plus maintenant et où l’on apprenait les bases du théâtre, c’était payant. Le directeur de cette école (que je vois encore quand il monte à Paris), m’a dit qu’il ne me ferait pas payer les premiers cours. Et ça m’a sauvé ! J’ai beaucoup d’estime pour ce monsieur.

Il y a plein d’autres gens aussi qui m’ont aidé. Il y a eu le conservatoire de Lyon. Ce sont souvent des gens qui croient plus en toi que toi-même et qui t’aiguillent sur une phrase parfois. Il y en a plein, je pourrais t’en cite cinq ou six !

Pendant cette année au conservatoire de Lyon, il y avait un monsieur qui nous parlait de l’histoire du théâtre. Il s’appelait Gilbert Caillat (il est décédé à présent). Il travaillait à la DRAC Rhône-Alpes et il a tout connu, vu tous les spectacles. Il me parlait de tout, passionné par les gens, les acteurs, les textes. Il est venu me voir jouer dans cette compagnie en amateurs quand j’étais au Conservatoire, dans une salle où il y avait 15 spectateurs. J’avais l’impression que c’était la première fois qu’un professionnel me voyait comme un vrai acteur.

Après il y a des rencontres, des spectacles qui m’ont marqué quand je suis rentré à la Comédie-Française. J’ai fait La pluie d’été avec Emmanuel Daumas et ça a été un moment très fort. Le personnage d’Ernesto dans cette pièce, c’était quelqu’un qui correspondait à ce que je voulais faire par rapport à mon métier.

Ernesto correspondait à ce que je voulais faire dans mon métier. C’est à dire ne pas correspondre aux codes et canons du milieu dans lequel il évolue. Ernesto est un enfant avec un corps d’adulte. Avec des vêtements trop petits ou un corps trop grand pour ses vêtements.  Ce paradoxe-là me plaît. Essayer d’être soi. Mais réellement. Être à nu. Ne pas être ce que la société et l’imaginaire commun veut que tu sois comme acteur ou comme homme.

Dans la mise en scène, il y avait un truc bien ancré dans le présent. C’était paradoxal parce que dans l’image que j’avais du Français, je n’aurais jamais pensé pouvoir faire ça. C’est un des premiers grands rôles que j’ai joués ici au bout de la première année.

Il y a aussi Jacques Lassalle qui a été pour moi une découverte, qui m’a fait confiance pour me donner le rôle d’Horace dans L’Ecole des Femmes, salle Richelieu alors que je venais d’arriver.

Jean-Pierre Vincent a été un intervenant à l’ENSATT où j’ai travaillé. Il a parlé de moi à Muriel Mayette pour que je rentre au Français. C’est quelqu’un qui a compté pour moi à l’époque, beaucoup.

Alain Françon aussi parce que je l’avais vu à l’école mais je ne le connaissais pas encore. J’ai travaillé avec lui aussi par la suite. Il a parlé au même moment de moi à Muriel Mayette. Donc ce sont des gens à qui je dois beaucoup. Ce sont des gens que je respecte énormément.

Adeline d'Hermy et Jérémy Lopez - Pluie d'été - Copyrights : Cosimo Mirco Magliocca - Coll. Comédie-Française

Adeline d’Hermy et Jérémy Lopez – Pluie d’été – Copyrights : Cosimo Mirco Magliocca – Coll. Comédie-Française

On a l’impression que tous ces gens pour toi sont comme des aiguilleurs…

C’est exactement ça. Il y a eu aussi Christiane Jatahy qui a été pour moi aussi une rencontre marquante. Faire La Règle du Jeu, ici, dans ce lieu-là a été particulier. Je trouve que c’était vital, extrêmement important, plus qu’intense. Je ne parle même pas de qualité mais pour moi, depuis qu’Éric est au Français, c’est un des plus gros risques qu’il a pris. Ça correspond à aucun truc qu’on attendait ici parce que ce spectacle te laissait le choix de le détester. Et d’entendre Christiane Jatahy en parler, par rapport à quelqu’un qui n’est pas du même continent, et de réaliser que c’était exactement ce que je pensais. De la voir nous le dire à nous en France, c’était important.

De quel univers ou auteur de théâtre te sens-tu le plus proche ?

C’est bizarre mais je me sens proche d’un auteur que je n’ai jamais joué. De Tchekhov. Après, je pense que tous les acteurs vont dire ça.

Et pourquoi, précisément Tchekhov ?

Il interroge le pourquoi on est ici sur terre. Des gens se demandent pourquoi ils sont là. Comment ils peuvent servir au mieux le temps qu’ils ont à passer sur terre. C’est très russe. Il est dans la profondeur extrême, dans l’immense mélancolie. Et en même temps dans quelque chose d’absurde et j’aimerai bien un jour jouer ça.

Quel « mantra » pourrait te définir ?

Il y a une phrase que j’ai gardé en moi depuis mon adolescence (quand je l’ai découvert cette phrase, je n’arrêtais pas de l’écrire tout le temps parce que je la trouvais belle même à l’écrit). J’avais l’impression de l’aimer sans vraiment réaliser sons sens à l’époque. Et elle me poursuit encore et je l’écris souvent et je la lis, c’est la phrase de Breton : « La beauté sera convulsive ou ne sera pas ». L’idée que la beauté passera forcément par une convulsion, quel qu’elle soit, me séduit. Pour moi, ça peut parler de théâtre. Accepter d’être laid : laid physiquement mais laid dans ce que tu peux dégager, dans ce que tu peux éprouver. Quelqu’un qui éprouve des sentiments, ce n’est jamais vraiment beau. Et qu’est-ce que c’est être beau ?

Entretien réalisé le 11 juillet 2019.

Merci à Jérémy Lopez pour sa confiance et … sa patience !

Vous pourrez le retrouver dans la saison 2019-20 à la Comédie-Française dans la reprise de La Vie de Galilée, La Puce à l’oreille, Angels in America et le spectacle sur Boris Vian.

Portrait officiel de Jérémy Lopez signé Stéphane Lavoué - Coll. Comédie-Française

 

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