Lettre du 1er juillet 2013, Grignan #1ère journée

Cher ami, permets-moi de te parler sous la forme d’une lettre car je viens de vivre trois jours merveilleux dans le petit village de Grignan qui célèbre cette semaine son 18ème Festival de la Correspondance, dédié pour l’occasion aux « Lettres d’Amérique ». Un format d’article, qui j’espère, ne te choquera point mais qui me semble particulièrement adéquat pour revenir sur cet événement culturel des plus uniques.

En ce lundi 1er juillet, je quittais Paris et sa météo automnale bien angoissante pour trois jours de soleil, de mistral et de lavande. En bonne parisienne quittant sa ville vrombissante, j’avais la tête en vrac. Quelle ne fût pas mon agréable surprise que de rencontrer le talentueux comédien Xavier Gallais sur le quai de la gare puis quelques minutes plus tard au wagon-restaurant ! Nous jurâmes de nous retrouver à une bonne terrasse grignanaise pour papoter tranquillement.

Arrivée à Montélimar, je fus accueillie par une équipe de choc d’attachés de presse et amenée en voiture à mon hôtel qui se situait à quelques centaines de mètres de Grignan. Ce fût l’occasion pour moi de faire la connaissance d’un journaliste-blogueur, ancien de Télérama, qui devint très rapidement mon inséparable compagnon de festival.

Joshka Schidlow, puisque tel était son nom, était comme un poisson dans l’eau à Grignan. Il connaissait tout le monde et tout le monde le connaissait : en bon habitué, il y venait déjà depuis une dizaine d’année. Il eût la bonté de me supporter pendant trois jours tout en me présentant toutes les personnes intéressantes du festival.

Revigorés par ce soleil qui nous avait tant fait défaut ces derniers mois, nous retirâmes nos invitations pour les lectures-spectacles du festival de la Correspondance qui débutait le lendemain.

A l’hôtel « Clair de la plume », nous retrouvâmes Xavier Gallais, heureux lui aussi de profiter du calme et du soleil, ingrédients si exotiques à Paris. Le comédien s’apprêtait à lire le lendemain des extraits de la correspondance de Tocqueville. Souriant, décontracté, il nous raconta son récent voyage en Russie, à l’occasion d’un tournage de film et qui lui avait permit de pénétrer dans la Russie intime, grâce à l’incroyable gentillesse des Russes qui le reçurent comme un ami et non comme un simple touriste. Anne Rotenberg, la directrice artistique de Grignan depuis déjà 14 ans, se joint alors à nous. Elle accepta ma demande d’interview et nous prîmes rendez-vous pour le lendemain matin.

Le soir-même, j’étais invitée aux Fêtes nocturnes de Grignan et assistais à la pièce de Tennessee Williams, La Chatte sur un toit brûlant, créée pour l’occasion et jouée tout l’été dans la cour du château de Grignan. Je dînais en compagnie des journalistes et des comédiens, devisant joyeusement… à seulement une heure de la représentation !

A 21h, les gradins créés pour l’occasion dans la cour du château, étaient pleins à craquer. Des gens de tous les âges et de tous les milieux, attendaient avec impatience les fameux trois coups. La première de la pièce avait eût lieu deux soirs auparavant, par un soir de mistral « gagnant ».

Avec son monologue initial important, Laure Marsac nous émût vivement. Son personnage, Maggie, tentait de sauver son couple et d’échapper aux sombres machinations de sa belle-famille face à la mort annoncée du patriarche, Grand-Papa Pollitt (génial Alain Pralon). Hélas, son mari Brick (Philippe Awat) n’était pas vraiment conciliant, trop occupé à boire pour oublier le suicide de son meilleur ami…

La mise en scène, signée Claudia Stavisky, se révéla à la hauteur de l’événement et l’atmosphère psychologiquement très tendue, typique du théâtre de Tennessee Williams très bien menée. On pouvait regretter toutefois que le personnage central de Brick soit un peu « laissé de côté » et que son couple formé avec Maggie ne joue pas assez sur l’ambiguïté de leurs relations houleuses.

Pour clore la soirée, nous prîmes un verre en compagnie des comédiens, à l’affût de nos premières impressions.

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