Grignan #2nde journée

Le lendemain, j’avais rendez-vous avec Anne Rotenberg et fus frappée par sa vive modestie dans sa façon d’évoquer son travail d’adaptatrice des textes lus pendant le festival (mais aussi des textes adaptés pour le théâtre). « Je ne suis ni écrivain, ni comédienne, ni metteure en scène mais j’adapte dans la recherche, la lecture et la réflexion. » Etrange métier en effet que celui d’adapter ces textes issus de correspondances souvent bien denses (de véritables pavés !) d’illustres personnages de la littérature.

Ce travail, Anne Rotenberg l’exerce tout au long de l’année, car en plus de la recherche et du montage, il nécessite aussi une relecture très attentive. Certains des textes adaptés pour Grignan sont même édités à L’Avant-Scène. Aussi, dès que le festival de Grignan sera fini, Anne Rotenberg retournera à sa bibliothèque parisienne, studieuse, bûchant déjà sur la programmation de 2014, dédiée à la guerre de 1914.

Après avoir légèrement interviewé la piscine de l’hôtel (comment résister à ce temps délicieux?), j’assistais à la cérémonie d’ouverture du Festival. Un moment très attendu par les villageois alors réunis en nombre sur la petite place dédiée à la Marquise de Sévigné dont l’imposante statue surplombait l’estrade créée pour l’occasion.

A 19h, à la Collégiale de Grignan avait lieu « Tocqueville, une pensée précoce » avec Xavier Gallais pour lecteur. Ce dernier réussit parfaitement à nous communiquer la vive intelligence dont Tocqueville, jeune juriste alors âgé de 26 ans avait fait preuve lors de son voyage de dix-huit mois en Amérique. En 1831, il avait obtenu avec son ami Gustave de Beaumont la possibilité d’étudier le système pénitentiaire américain, prétexte pour étudier en fait les fondements de la démocratie américaine et qui lui permit d’écrire plus tard De la démocratie en Amérique. Un jugement bien précis sur la société américaine qu’il décrivait alors : « Un peuple qui ne semble vivre que pour s’enrichir ne saurait être un peuple vertueux dans la stricte acceptation de ce mot ; mais il est « rangé ».

Cette lecture plût vivement au public de Grignan, qui est un public qui ne cesse de s’accroître (une journée de programmation a été rajoutée cette année !). En témoigne la foule qui piétine devant la collégiale lors du spectacle de 22h et où Michel Boujenah et Gérard Desarthe lisent la correspondance de Baudelaire, à propos de sa traduction de Poe. On reste toutefois un peu sceptique face à l’interprétation pas vraiment « de concert » et le contenu du texte qui ne nous apprend, somme toute, pas grand-chose de nouveau sur le travail de traducteur de Baudelaire nous épargnant malheureusement les textes poétiques de Baudelaires et Poe qui auraient pu véritablement animer l’ensemble.

Avec mon compagnon de festival, je reprends sagement la route nocturne aux effluves de lavande et qui nous mène à l’hôtel où un repos salvateur m’attend.

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